Aérocampus Aquitaine a 10 ans : restrospective en 10 moments


Sur le mode de l'anecdote et du souvenir personnel, le directeur général d'Aérocampus Aquitaine, Jérôme Verschave retrace les 10 ans d'Aérocampus Aquitaine et ses développements.

Jérôme Verschave, Directeur général d'Aérocampus AquitaineAqui.fr
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Temps de lecture 11 min

Publication PUBLIÉ LE 04/06/2021 PAR Solène MÉRIC

Le 3 mai dernier, Jérôme Verschave, Directeur général d’Aérocampus Aquitaine partageait un message de satisfaction sur compte Facebook : « les premiers contrats de travail ont été signés il y a pile 10 ans pour lancer l’aventure Aérocampus Aquitaine. Merci à tous ceux qui y ont cru, merci aux collègues qui se sont jetés dans l’aventure avec moi! ». Si le 3 mai 2011 marque donc le top départ pour les plus anciens salariés du Campus de formation en maintenance aéronautique de Latresne, la grande aventure de ce site désormais devenu référent national et international en matière de formation aéronautique, a démarré bien sûr un peu plus tôt. D’une discussion informelle, à la célébration prochaine de ce 10e anniversaire, Jérôme Verschave a bien voulu se prêter au jeu que lui a proposé Aqui! : dresser une compilation de 10 souvenirs, faits, dates ou temps forts, bons ou moins bons, de la vie de la structure sur cette première décennie. Une autre manière de revivre la belle histoire.

1 – « Et si la Région achète ? « 

« En 2010, en pleine campagne électorale pour les régionales, arrive la décision de la Direction Générale des Armées de fermer son site de formation de Latresne », se souvient celui qui est alors, et pour seulement quelques semaines encore, le directeur de cabinet du président du Conseil régional. « Je me dis qu’il ne faut pas laisser fermer ce site parce que les besoins sont énormes en matière de formation aéronautique. Avant, j’étais chez Thalès et je m’occupais de la reconversion des sites en difficultés… donc j’avais un peu de métier, et je commence à cogiter autour de ça… », se rappelle Jérôme Verschave. Une fois les élections remportées par l’équipe sortante, directeur de cabinet et président de Région se retrouvent dans le bureau d’Alain Rousset. « C’était un soir de mars 2010. On était tous les deux, et je lui raconte mon histoire :  »il ne faut pas laisser fermer Latresne, j’ai monté un début de projet même si ça n’est pas du tout abouti, ce n’est qu’un début  »… Et Alain Rousset me dit  »Et si la Région achète ?  » » Une question qui démarre l’aventure d’Aérocampus. Le Conseil régional mettra alors 6,5 M€ sur la table pour racheter le site de 26 ha, et, à l’époque, ses 20.000 m² de bâtiments pédagogiques dont 2 hangars à avions. Et ce n’est qu’un début, suivra rapidement une première tranche d’investissement de 25 M€ nécessaire à la « remise en route » du site. Une enveloppe garnie par la Région (18 M€), le Programme d’Investissement d’Avenir (6 M€) et le Plan Local de Redynamisation (800 000 €). D’autres suivront.

2- Paré au décollage

Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine devant la première pierre d'Aérocampus

« Le 14 avril 2011, c’est l’assemblée générale constitutive d’Aérocampus Aquitaine. On inaugure la cible qui était cassée sur le rond point en bas du site. Et on met en place l’association Aérocampus avec prise de gestion de la structure en septembre. » Quant à l’état d’esprit du moment : « On ne savait pas trop où on allait… On avait l’idée, et on avait du monde. Il fallait revitaliser un site un peu à l’abandon car, sachant qu’il allait fermer, il n’y avait pas eu beaucoup d’investissements depuis pas mal d’années. Les bois de la tempête de 2010 par exemple n’avaient pas été évacués dans le parc. »
Le démarrage se fait alors avec les moyens du bord, à 4 ou 5 personnes. « On a commencé avec un routeur Wifi parce qu’il n’y avait pas de réseau internet, excepté le réseau DGA auquel on n’avait pas accès. Ca a été très empirique, mais en même temps on avait l’obligation de réussir très vite parce que il fallait qu’on prouve tout… Mais j’ai un souvenir à propos de la cible qui était abîmé et qu’on a refaite. Le directeur des ressources humaines de Sabena de l’époque qui était présent à l’inauguration a appelé son assistante pour proposer des contrats de travail aux 4 ou 5 jeunes qui avaient réhabilité la cible. Ils ont été embauchés directement chez Sabena, le jour même. C’était un bon marqueur pour notre projet ! »

3- ADS Show

« On a décidé de créer Aérocampus parce qu’on avait un terreau favorable, avec l’armée de l’Air qui quelques années auparavent avait recentré ses commandements sur Bordeaux, et Sabena Technics qui avait repris avec succès Sogerma. L’enjeu avec la création d’Aérocampus, c’était de faire de la maintenance aéronautique un facteur différenciant pour Bordeaux par rapport à Toulouse ou à d’autres sites aéronautiques. Alors en 2012, on décide de créer l’ADS Show, afin de valoriser ces savoir-faire de toute l’Aquitaine, et notamment de l’agglomération bordelaise, et de montrer à travers le acteurs présents que Bordeaux est très très bien placée en matière de maintenance aéro. C’est donc une date importante pour nous. Précisément Aérocampus est co-porteur de l’évènement ce n’est pas nous qui le créons. » Lors de la première édition, le volet dédié aux formations en maintenance aéronautique se tient à Latresne, et le volet consacré aux affaires se tient à la BA 106 à Mérignac. « Quant à la soirée de gala historiquement et traditionnellement elle se déroule sur Aérocampus, parce qu’on a un site magnifique, avec le parc et le château. C’est aussi un des atouts du campus que d’avoir ces installations. »

 

4 – Les 50 ans du Traité de l’Elysée
« Une date importante qui fait venir le président de la République François Hollande à Aérocampus, c’est les 50 ans du Traité de l’Elysée ». Tout commence à l’été 2012. Contacté par le cabinet du ministre de l’Education d’alors Vincent Peillon, pour mobiliser Aérocampus dans le cadre de la célébration des 50 ans du Traité de l’Elysée entre le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, Jérôme Verschave suggère alors l’idée de la création d’un lycée professionnel franco-allemand au sein d’Aérocampus. « A l’époque il existe des bi-bac dans le cadre de formations générales, mais aucun en bac pro. Or, on a un fleuron franco-allemand qui s’appelle Airbus, et on veut célébrer un traité qui vient sceller la réconciliation franco-allemande… », le symbole est beau. L’idée est aussi rapidement validée par le président de la Région et Jean-Louis Nembrini, recteur de l’Académie à l’époque. « En janvier 2013, le président de la République, François Hollande vient à Aérocampus pour lancer le premier, et toujours le seul, lycée professionnel franco-allemand. C’est une date importante car sa venue, c’est la reconnaissance du travail accompli. Je crois que cette initiative a aussi permis de changer les mentalités sur le fait que dans les lycées techniques, comme dans les lycées généraux, il faut que les gamins soient mobiles et qu’ils parlent des langues étrangères. Jusque-là ce n’était pas du tout la culture de l’Education nationale. » Aujourd’hui 45 élèves suivent le cursus de ce bac pro franco-allemand unique en son genre à Latresne.

Janvier 2013 : visite du Président de la République François Hollande, pour le lancement du lycée professionnel franco-allemand


5 – Des truites et des hérons
Si au cours des 10 dernières années, le directeur général et les équipes d’Aérocampus, ont souvent su contredire l’objection régulièrement entendu du « ça n’est pas possible », voilà une anecdote plus légère qui montre que parfois, il faut bien se résigner à l’impossible. « Il y a dans le parc, deux grands bassins qu’on a remis en route devant le Château. Pour faire vivre les bassins on s’est dit qu’on allait y mettre des truites. Mais on a eu deux hérons qui ont mangé toutes les truites… On découvrait des truites un peu partout dans le Parc, parce que les hérons attrapaient les truites, elles se débattaient, et tombaient au sol… Au final, nous n’avons jamais réussi à avoir des truites dans ces bassins parce qu’on a toujours eu des hérons. C’est un des grands échec d’Aérocampus et tous les salariés se souviennent de cet épisode ! », rigole Jérôme Verschave. Cela dit, à défaut de truites le chant des grenouilles, surtout quand elles sont amoureuses, se fait désormais bien entendre dans le parc…

7- Hôtel Amélia
« Depuis le début nous investissons énormément sur la modernisation du Campus qui était un peu à l’abandon. En septembre 2015, on sort un hôtel de 83 chambres. C’est un moment qui compte car ces 83 chambres ça nous a permis d’avoir une puissance de feu assez importante pour accueillir les gens qui vivent et travaillent sur le site, lorsqu’ils viennent se former. C’était un vrai enjeu qui nous démarque de nombreux autres centres de formation : on a une offre complète. D’ailleurs cet hôtel a subitement fait de nous le 4ème porteur hôtelier de Bordeaux derrière le Pullman Aquitaine et les deux Mercure Chartrons et Mériadeck ! Et seulement en clientèles B to B, il n’y a pas de clients privés ici » ajoute Jérôme Verschave. Quant au nom féminin, il n’y a bien sûr pas de hasard. « On a baptisé l’hôtel Amélia, parce qu Amélia c’est une femme pilote [Amelia Earhart, ndlr], et on a souvent essayé de mettre des noms féminins aux bâtiments pour féminiser nos métiers, donner plus d’attractivité aux femmes. Cette année, 14% de nos élèves sont des filles, ce qui n’est pas grand chose… mais ce qui est beaucoup mieux qu’au début ! Il y a un vrai travail à faire auprès d’elles pour leur dire que l’aéronautique est un monde qui leur appartient aussi ! »

Hötel Amélia inauguré le 10 septembre 2015 sur le site d'Aérocampus

7 – Aérocampus et les 36 Rafales
Cinq ans après sa création, Aérocampus est bien installé entre les bac pro, formation scolaire et apprentissage, la créatoin de BTS, le bac pro franco-allemand, le développement de la formation professionnelle… « Et en 2016 on devient assez rapidement un outil de vente des avions à l’étranger, à travers la création d’une offre de formation qui n’existait pas, si ce n’est au sein des forces pour les avions de chasse. Or, l’armée de l’Air a des moyens qui se réduisent, et a de moins en moins de capacités à honorer des contrats de formation dans le cadre des ventes d’avions de chasse… », se souvient Jérôme Verschave. A l’inverse pour Aérocampus, c’est un nouveau cap. « Nous signons le premier contrat qui va nous faire grandir vraiment à l’international. C’est le contrat du Qatar, avec la vente de 36 Rafales par Dassault, qui nous demande de former les jeunes qataris pour qu’ils deviennent mécaniciens aéronautiques avant de rejoindre les bases militaires pour se spécialiser sur de la qualification de type. L’envol d’Aérocampus, il s’est fait à partir de là ; sur une renommée dans le monde industriel reconnaissant l’existence d’un campus qui accompagne les ventes export des avionneurs. Ca a commencé par le Rafale et puis maintenant on est aussi chez Airbus, on est un peu partout. »


8 – L’adhésion au GIFAS
« Autre fait marquant, qui est symbolique de ce qu’est Aérocampus dans le milieu aéronautique et spatial, et de la place qu’il a prise, c’est qu’on est la seule école dont le Gifas ait accepté qu’on devienne adhérent. Le Gifas, c’est le Groupement des industriels français aéronautique et spatial, et ils ont toujours refusé d’avoir une école dans leur collège d’adhérents. Donc il n’y a pas Sup’ Aéro, il n’y a pas l’ENAC, il n’y a pas toutes les grandes écoles aéronautiques, et moi à l’époque je me bats pour intégrer le Gifas parce qu’Aérocampus rentre désormais, dans le cadre des contrats de vente d’avions qu’ils soient civils ou militaires, dans la chaîne de valeur de ces ventes. On intègre finalement le Gifas en 2017, c’est important, parce que ça signifie qu’on est devenu le bras armé de la formation dans le cadre des ventes d’avion, qu’on est le référent qui peut organiser les formations de maintenance derrière une vente. En 2021, on est toujours la seule école membre du Gifas: c’est une reconnaissance d’un campus en termes de savoir-faire sur la formation mais aussi d’un campus créateur de valeur dans le cadre du développement des constructeurs. On est complètement intégré dans l’industrie aéronautique française. C ‘est quelque chose que l’on mesure assez peu, mais c’est très important et c’est une fierté pour nous. Aujourd’hui il n’y a que Aérocampus qui propose d’accompagner par ses propres moyens les constructeurs dans les ventes. »

Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, Alain Rousset et Marie Récalde, lors de l'inauguration de l'ADS Show 2016


9 – Difficile année 2020…

Dans les souvenirs les plus récents, difficile de ne pas évoquer la crise sanitaire. « 2020 est une année pas terrible, avec la fermeture du site pendant 2 mois en mars et en avril. Nous ne sommes pas les seuls bien sûr, mais c’est un coup de bambou. C’est une expérience collective compliquée à vivre : entre chômage partiel, fermeture du site, et de grosses interrogations sur l’année qui est en train de se passer, sur ce que sera l’avenir par rapport à l’évolution de la pandémie dans deux activités majeures pour nous que sont l’aéronautique et les séminaires. On est dans les deux secteurs les plus touchés, ca provoque  »un peu » de stress. Mais l’équipe a su bien réagir, on a su aussi optimiser un maximum les coûts,et grâce aux patrons des pôles garder le moral des équipes. Nous étions fermés mais il y avait quand même des temps entre nous tous à travers des visios, pour essayer de garder les équipes motivées même si elles ne travaillaient plus. Ne pas les perdre et leur donner un peu de visibilité dès qu’on en avait. Mais ça a été un trou d’air important et puis finalement, on équilibre à la fin de l’année car on repart très très fort à partir de septembre parce que les industriels relancent la machine. Et nous on est derrière, on suit. Mais c’est vrai que c’est un grand moment de doute et de stress pour la direction générale mais aussi pour l’ensemble des collègues. C’est la première fois qu’on fermait le site. »

10 – La fête

« La dernière date est à venir. Si le temps le permet, ça va être la fête ! On ouvre grand les portes d’Aérocampus le dimanche 5 septembre pour fêter les 10 ans, et on s’associe avec un partenaire historique qu’on accueille depuis le début : le final du Festival Ouvre la voix avec la Rock School Barbey. Il y a des concerts, beaucoup de public qui se déplace car c’est un festival à vélo. Si on combine ça avec l’ouverture d’Aérocampus au plus grand nombre, on peut vraiment avoir une ambiance très très chouette et fêter tous ensemble les 10 ans d’Aérocampus. C’est symbolique, c’est important aussi pour les salariés et c’est évidemment à fêter avec le grand public, car l’aéronautique fait toujours rêver et nous on veut continuer à faire rêver et à accompagner le développement de la filière. J’espère que ce sera un grand moment. On va être une nouvelle fois créatifs pour proposer plein d’animations qui seront un peu traditionnelles pour certaines et un peu hors du commun pour d’autres. Et j’aime aussi beaucoup cette idée de la relation avec la culture. Ce sont deux domaines les plus touchés par la pandémie (hormis la restauration bien sûr). Si on fait cause commune et on arrive à faire rayonner le territoire, le monde musical et le monde de l’aéronautique ensemble, ce sera c’est un merveilleux symbole ! »

Sur le site d'Aérocampus: des métiers, des vies, une attractivité
 

Cet article fait partie de notre édition spéciale : Aérocampus Aquitaine: les 10 ans  
 
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