Des saisonniers devenus arboriculteurs à Saint-Yrieix-la-Perche


Corinne Mérigaud
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/05/2019 PAR Corinne Merigaud

Valérie et Eric Reydet ont uni leur destin en croquant la pomme. Certes, la métaphore est facile mais la vie d’Eric, saisonnier Normand, a vraiment basculé en 2000 lors de la cueillette des pommes en Corrèze. Il travaille alors sous les ordres de Valérie, une aide maternelle corrézienne reconvertie dans l’arboriculture. « Nous ne nous sommes plus quittés avoue Eric, je suis parti faire quelques saisons dans le Sud, Valérie est tombée enceinte et je me suis stabilisé. » Il pose ses valises et accepte un poste de chef de culture qu’il occupera entre 2003 et 2006. Une nouvelle opportunité se présente grâce à la coopérative Limdor. « Eric devait intégrer leur verger tremplin collectif pour apprendre la culture de la pomme et s’installer raconte Valérie Reydet. Comme il avait plus de 40 ans, il n’avait pas droit aux aides jeunes agriculteurs, j’ai donc accepté et j’ai obtenu mon BEPA au lycée La Faye à Saint-Yrieix en 2008.»

Valérie et Eric Reydet, arboriculteur en Haute-Vienne

Renouvellement des générations

La coopérative avait initié une réflexion afin d’anticiper les départs en retraite. « L’âge moyen augmente dans notre métier et il n’y a pas assez de renouvellement des exploitations constate Michel Texier, président de la coopérative, il fallait trouver une solution pour installer des jeunes, notamment hors cadre familial. La Communauté de Communes avait des parcelles disponibles, Valérie s’est installée en location vente. » La collectivité a fait construire un bâtiment et six hectares et le couple a planté 6 ha de Golden. « Limdor a avancé les frais et s’est porté caution pour l’achat du matériel précise Valérie. Vous imaginez deux saisonniers en fourgon et sans apport ! Il a fallu créer une certaine confiance… » La Chambre d’Agriculture a joué un rôle déterminant. « Elle m’a accompagnée cinq ans pour d’abord monter le projet puis diriger le verger, cela aurait trop difficile seule », admet Valérie. Installée en ferme relais, elle verse un loyer, ce qui permet d’acquérir progressivement foncier et bâti. Deux ans après, quatre hectares supplémentaires sont plantés. Salarié de la coopérative, Eric dirige le verger collectif de Limdor (6 ha) et aide l’implantation du verger tremplin BIO de la coopérative (8 ha). En 2013, il franchit le pas en achetant le premier verger collectif. « Limdor m’a proposé cette solution pour conforter l’exploitation explique Eric, nous sommes devenus associés en créant la SCEA Les Vergers des Loriots. »

De locataire à propriétaire

Dix ans après, Valérie reconnaît qu’ils ont eu une chance extraordinaire. « Nous sommes propriétaires depuis août 2018, tout cela aurait été impossible sans l’aide de Limdor et de la Communauté de Communes, il faut investir minimum 500.000 € pour s’installer hors cadre familial et nous n’avions pas de fonds. ». Le dispositif de ferme-relais a permis au couple d’arboriculteur d’avancer au rythme de la production. « Au départ, le loyer était modique et les charges n’étaient pas très importantes constate Eric, mais la production était faible au début. Aujourd’hui, elle atteint 800 tonnes par an suivant la météo qui sont revendues à la coopérative.» Les investissements conséquents ont été réalisés. Un plan d’eau de 15.000 m3 a été créé pour alimenter le système d’irrigation enterré (20% d’économie en eau) et des filets para-grêle posés sur les 16 ha. Des haies ont été plantées le long de la route et au milieu des deux parcelles avec un double intérêt, favoriser la biodiversité et servir de système antidérive lors de la pulvérisation des produits phytosanitaires. « Le verger est certifié Haute Valeur Environnement niveau 3 depuis cette année, Bee Friendly et Globalgap pour les pratiques écoresponsables précise Eric, c’est la politique de Limdor pour tous ses producteurs. Le désherbage est mécanisé depuis cinq ans, nous n’employons pas de produits néonicotonoïdes et nous avons des ruches. » Quatre-vingt dix saisonniers sont embauchés chaque année pour la taille, la pose des filets, l’éclaircissage et la cueillette. Fruit de leur union Maxime, 16 ans, espère un jour décrocher son BTS arboriculture. Grâce à son verger tremplin, la coopérative a facilité l’installation de quatre producteurs sur près de 50 ha, une démarche qui devrait s’accélérer. « Nous aidons un à deux jeunes par an à s’installer et à l’avenir, ce sera deux ou trois ajoute le président, nous recherchons des candidats dynamiques, sérieux et professionnels ». A bon entendeur…

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