Entre les lignes: Flaubert, l’Empire de la bêtise, ouvrage collectif sous la direction de Anne Herschberg Pierrot.


Anne DUPREZ
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/02/2012 PAR Anne Duprez

Entendons-nous bien, il convient de ne pas se méprendre sur la définition de la bêtise. Elle n’est ni inintelligence, ni naïveté, ni sottise… lesquelles sont excusables et même attendrissantes. Flaubert éprouve en effet une réelle empathie pour  les simples. Au contraire, et c’est sans doute pourquoi il est autant fasciné par elle, Flaubert, de par sa condition d’écrivain, entre en dissidence contre cette chose molle qui annihile les esprits de masse, la véritable bêtise, « la pire de toutes », celle qui « se gausse de la simplicité », « cette humanité qui pullule sur le globe, comme une sale poignée de morpions. ». Celle qui se satisfait des lieux communs, dans un douillet consensus où s’enlisent la pensée humaine et l’esprit d’analyse. Celle-ci, il la traite comme un ferment, une levure de création littéraire, comme un scientifique observe, dans une boîte de Petri, l’évolution malsaine d’un virus ou d’une bactérie. De cette même manière savante et questionneuse, il en explore les différentes phases d’évolution. Il cherche ainsi à y retrouver ce qu’il y a d’humain, afin de la sublimer, décortiquant son extrême complexité: car s’il y a en elle une part de « charogne », de cet esprit paresseux qui entre en décomposition, il reconnaît égalment qu’il existe une « bêtise de l’intelligence », cette fausse route sur laquelle on s’engage parfois en étant si supérieur et si sûr de soi. Il en va également de la bêtise humaine comme il en va de « la Bête », Satan lui-même, qui humilie et tue.

« La bêtise active », la plus dangereuse, se croit supérieure à tout. Dans cette optique, ceux qui sont atteints de cette forme de paresse malveillante n’en sont jamais conscients. Là est l’avatar le plus diabolique! Tout ce que la bêtise contient finalement d’humanité… Que doit-on retenir de tout cela? Qu’il faut lire et relire Flaubert! Comme tous les grands textes, ses écrits sont encore aujourd’hui le reflet d’une certaine forme de notre actualité, et contiennent peut-être les réponses aux dérives lancinantes de nos sociétés moralisatrices et bien pensantes.

Anne DUPREZ

Flaubert, l’Empire de la bêtise. textes réunis et présentés par Anne Herschberg Pierrot. Editions Nouvelles Cécile Defaut, Janvier 2012.
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