Européennes : Interview d’Anne Laperrouze : « La voix de chaque citoyen compte »


DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/04/2009 PAR Solène MÉRIC

@qui! : En quoi les élections européennes sont-elles importantes ?
A. L. : Voter aux élections européennes est une nécessité car le Parlement européen représente les citoyens européens. Il a un pouvoir législatif important notamment dans le cadre de la procédure de codécision. Dans cette procédure, lorsque la Commission européenne fait une proposition, celle-ci est examinée à la fois par le Parlement européen et le Conseil, et ne pourra être appliquée que si les deux institutions tombent d’accord sur le texte à voter. Donc ici, le pouvoir du Parlement est réel et plus il sera fort, c’est-à-dire, plus il sera soutenu par les citoyens européens, plus il pourra peser sur le contenu du texte final. Les citoyens français doivent prendre conscience du haut niveau démocratique de cette assemblée. En effet, les députés européens étant élus à la proportionnelle, toutes les tendances politiques sont représentées au sein du Parlement européen. Quelque soit la conviction du citoyen au moment du vote cette procédure garantit que ses idées seront représentées au niveau européen. En outre, huit groupes politiques siègent au Parlement. Si certains sont plus importants que d’autres, aucun d’eux n’a la majorité politique ; ce qui nous oblige à tous travailler ensemble afin d’obtenir des compromis. Cet élément est important car très différent de la France où, en raison d’une majorité politique marquée, l’Assemblée nationale entérine plus ou moins les propositions du Gouvernement. Le Parlement européen à l’originalité d’établir un véritable processus démocratique, et c’est pour ça que la participation des citoyens aux élections européennes est si importante.

« Un travail technique mais très important »

@! : Au regard des ces explications, quelle est votre réaction sur les prévisions de forte abstention à cette élection ?
A. L. : L’abstention s’explique de plusieurs manières. Tout d’abord, l’Europe apparaît à la fois lointaine et proche. Mais ce qui en transparaît assez souvent, c’est une image négative, qui est véhiculée dans les médias et souvent par le discours des hommes politiques, qui se déchargent régulièrement sur l’Europe. Ensuite, il est vrai que notre travail de députés européens est très technique et les débats au sein de l’hémicycle sont beaucoup moins animés qu’à l’Assemblée nationale, les temps de parole sont limités et les textes votés n’ont pas forcément une application immédiate… Notre travail n’est pas très médiatique, il faut le reconnaître ! Cela dit, il m’arrive régulièrement de recevoir des gens au Parlement européen, notamment des chefs d’entreprise de la région Midi-Pyrénées, qui, une fois sur place, se rendent compte de l’ampleur de ce travail. C’est un travail technique, mais pour autant très important. Quand on fait passer le message des enjeux qui se jouent à Bruxelles ou à Strasbourg, mes visiteurs sont convaincus de l’utilité de l’Europe. Je crois que les citoyens ne rejettent pas l’Europe mais la trouve trop compliquée.

« L’euro nous a préservés de la crise »

@! : Quels sont ces enjeux dont vous parlez et comment alors faire passer le message ?
A. L. : De nombreux efforts de communication sont faits par le Parlement européen et les autres institutions européennes. Il y a par exemple le site internet du Parlement, une web télé qui a été mise en place… Le bureau d’information du Parlement européen fait réellement beaucoup de choses. Il existe aussi des réseaux de communication à travers l’Europe comme le réseau « Europe-directe », mais on a toujours du mal à toucher le public. Sur les grands enjeux du projet européen, il y a d’abord et avant tout la paix. Si cela fait cinquante ans que l’Europe n’a pas connu la guerre, c’est grâce à la construction européenne. Il y a ensuite les enjeux économiques et le véritable projet de société que propose une Union à 27. On a tendance à l’oublier, mais ces 27 pays réunis forment ensemble la première économie du monde, ce qui nous donne un rôle important sur la scène internationale. Et cela dans de nombreux domaines : les changements climatiques, la qualité de l’eau, l’aide au développement des pays d’Afrique, l’espace européen de la recherche, etc… L’Europe c’est aussi l’enjeu de la cohésion sociale face à la crise. A ce sujet, et dans une certaine mesure, l’euro nous a véritablement préservés de cette crise. Si on prend le cas de l’Irlande, qui n’est pas dans la zone euro, ce pays a été très fortement touché par la crise en raison de l’effondrement total de sa monnaie. Mais surtout, comme je le disais au début de l’entretien, et c’est ce sur quoi il faut insister, l’Europe, par le biais du Parlement européen et de ses élections, offre un véritable processus démocratique où la voix de chaque citoyen compte.

Solène Méric

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! SPÉCIAL > Nos derniers articles