Européennes : voter quand même


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 31/05/2009 PAR Joël AUBERT

Certes on imagine sans peine l’impact d’une abstention qui s’annonce massive sur la crédibilité et le poids politique de l’Union Européenne. S’il devait se confirmer que seuls environ 30 à 40% des « européens » de tous pays devaient voter ce serait en effet un échec majeur pour l’Union, l’absence de légitimité pour un parlement de plus en plus mal élu depuis qu’il l’est au suffrage universel il y a trente ans.
Mais après tout à qui la faute ? Aux électeurs de chaque pays qui seraient insensibles à l’importance de l’Union ? A l’existence d’un droit communautaire qui est à la source de la plupart de nos lois et souvent pour le meilleur ? Aux méchants technocrates qui prospèreraient à Bruxelles et ignoreraient les citoyens ? Au nationalisme exacerbé de quelques pays, récemment entrés dans l’Union, dont les valeurs seraient en rupture avec celle de nos sociétés déchristianisées? Ces arguments souvent entendus ne valent que ce que valent les mots dominants lorsqu’il s’agit de trouver quelque excuse à ses propres responsabilités. Et celle de nos gouvernants sont accablantes, à quelque nuance près.

Résumons :

1. un mode de scrutin étranger à la pratique connue des électeurs, français en premier lieu. Ce n’est pas tant la proportionnelle qui est critiquable que ces méga-circonscriptions qui n’ont pas de signification institutionnelle car ne correspondant qu’à l’addition de régions. Le vote national au scrutin de liste aurait certainement permis une meilleure compréhension des enjeux politiques de l’élection.
2. un fonctionnement des appareils politiques incapables de se hausser à la dimension de cette élection. Les arbitrages internes aux partis ont été rendus très tardivement de sorte que les candidats ont peiné à entrer en campagne. S’y ajoute une incurable propension à faire de cette élection, avant tout, un test national. Rendez vous le 7 juin au soir pour retrouver le discours des soirées électorales nationales.
3. un fossé énorme entre les gouvernements, les partis et les peuples qui se sentent floués et ont, de l’Union , une représentation médiocre ou, pire, mauvaise. Commentêtre crédibles en parlant d’une Europe forte qui protège quand on est incapable de lui donner un corps de doctrine, des règlements et directives qui garantissent les droits de tous les citoyens. L’Europe sociale est un vœu pieux, sur les routes comme dans les champs.

Ce n’est pas de moins d’Europe dont nous avons besoin mais de plus d’Europe, et autrement. Une Union qui sans recourir au protectionnisme sache par exemple défendre ses producteurs laitiers en imposant un système de marges qui leur permettent de vivre, une Union qui ait la volonté de ne pas céder aux multinationales qui rachètent son acier et jettent les ouvriers qualifiés à la rue, une Union qui ait une stratégie industrielle et un corps de lois sociales partagées, une Union qui pèse dans le concert international, au Proche Orient comme en Afrique où la Chine et son cynisme sont à l’ouvrage. Une Union qui ait, enfin, sur l’essentiel, une politique étrangère commune…
Et ce n’est pas parce que les Irlandais appelés à revoter pour le traité constitutionnel, à l’automne, semblent, cette fois, mieux disposés que tout ira pour le mieux, de Berlin àParis et de Bucarest à Stockholm.
L’Union européenne doit être plus que jamais l’affaire des peuples, enfin écoutés par leurs gouvernements. C’est pour cela, que toute déception bue, il faut quand même aller voter le 7 juin, se servir de ce droit démocratique irremplaçable et choisir, entre tous, ceux qui nous ressemblent le plus et ont vraiment l’air d’y croire.

Joël Aubert

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