Gustavia, le burlesque fait femme au CDC d’Aquitaine


Marc Coudrais
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 19/11/2008 PAR Solène MÉRIC

Des larmes pour rire
Drapée de velours noir du sol au plafond, avec pour seul décor un fauteuil, noir, et une planche, noire, la scène est sobre, tel un écrin ou un cercueil. Gustavia, incarnée par ses deux créatrices entre sur scène. Le costume est aussi simple que le décor : un débardeur et une culotte, noirs évidemment. Seul détail clinquant, cliché de la féminité : les talons aiguilles noirs et vernis. A peine sur scène, elles gémissent, elles pleurent, de plus en plus aigües comme le ferait un chien, ou un enfant vexé de ne pas réussir à attirer l’attention. Elles pleurent et montrent sur leurs joues les larmes qui ne coulent pas ; et le public commence à rire. Alors elles s’enfoncent dans le tragi-comique en palabrant sur la mort et en citant du Shakespeare, mais le ton est donné : ce spectacle n’est pas sérieux du tout. Ce sont des larmes pour rire.

Les ressorts bien connus du comique burlesque
Gustavia, le burlesque fait femme au CDC d'AquitaineAprès les fausses larmes viennent les cris hystériques sous les draps de velours, le fauteuil que l’on retire quand l’autre va s’asseoir, les pieds entravés dans le décor, la tête dans un sceau…Les deux artistes multiplient les scénettes et les cocasseries en usant des ressorts bien connus du comique burlesque : des chutes qui viennent briser un mouvement mécanique, les répétitions, la parole qui ne s’arrête jamais au sacrifice du sens « En mourant, je veux qu’elle crève », les silences. Mathilde Monnier boxe l’air avec frénésie avant de s’en prendre au rideau du décor, tandis que La Ribot tourne sur elle même avec une planche de bois assommant maintes et maintes fois sa partenaire qui toujours se relève, pour être frappée à nouveau.

Un final explosif, rythmé et génial
Gustavia est pleureuse, clown, boxeuse mais aussi strip-teaseuse, elle ne se comporte pas comme une femme « bien comme il faut ». Elle prend des pauses, couchée par terre cuisses écartées, dos cambré. Elle allume, drague le public avec son…genou. Elle le montre, puis le cache, puis le montre, le cache à nouveau…de plus en plus vite et dans toutes les positions. La masturbation exhibitionniste n’est pas loin.
Comme des exercices de style à la recherche du burlesque, au croisement de la danse et du théâtre, les gags s’enchainent, les éclats de danses aussi. Mais si les exercices et les répétitions sont très esthétiques est souvent recherchées, ils prennent parfois quelques longueurs qui flirtent avec la lassitude du public…et celle de Gustavia qui, les nerfs à vif, explose au final dans une joute verbale entre ses deux interprètes. Chaque phrase commence par « une femme ». A la fois énonciation et dénonciation des attributs supposés et convenus de la femme, ce final explosif, rythmé et génial, donne à la pièce le mérite d’être vue et en fait presque oublier l’impression de disques rayés de certains passages de la pièce.
Crédits photos : Marc Coudrais

Solène Méric

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