Interview: Cédric Pellissier, directeur général de l’agence régionale ECLA


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2013 PAR Joël Aubert et Solène Meric

@aqui! – Cedric Pellissier vous venez d’arriver en Aquitaine; vous découvrez une région, une agence culturelle, Ecla, au large champ d’action…
Cedric Pellissier – Je connaissais Ecla avant de venir à Bordeaux. J’occupais au sein de la région Rhône Alpes un poste en charge des questions de formation, d’emploi et d’économie culturelle. J’avais, auss,i une activité dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. Je viens du milieu du cinéma. Je connaissais Ecla, en effet, une des grosses agences nationales, une des deux  qui couvrent le cinéma, l’audiovisuel et le livre. Cela m’ a donné envie de venir, mais je n’avais pas de connaissance particulière de la région, à part être venu deux fois en vacances à Bordeaux et au Pays Basque. Le croisement du livre, du cinéma et de l’audiovisuel me paraissait assez judicieux, surtout compte tenu des profondes mutations de ces métiers. 

Voilà deux mois maintenant que je suis arrivé; je fais connaissance de cette grande maison avec trente salariés et beaucoup d’activités. J’ai rencontré les uns et les autres, les partenaires avec lesquels on travaille… ça permet d’affûter les idées que je pouvais avoir.

L’Aquitaine fait un gros investissement pour l’équipement des salles en numérique

@! – Et si on commençait par parler du cinéma, du soutien que la région Aquitaine apporte à la production mais aussi à la diffusion, à travers le cinéma numérique qui s’étend dans une région qui reste, au-delà de Bordeaux, à dominante rurale…
C.P. – Un des aspects que je ne connaissais pas en Rhône-Alpess et que je découvre ici, intéressant, est de confier à l’Agence, à Ecla, un certain nombre de missions dévolues d’ordinaire au Conseil régional : ce sont, dans d’autres régions, les directions de la culture et les services cinéma au sein des collectivités qui mettent en place les Fonds d’aide, l’aide à la production, les relations avec les professionnels. Ici, cela est confié à une association; ce n’est pas anodin. C’est un vrai choix, une association qui est gouvernée, aussi, par les réseaux des professionnels. Au bureau on trouve pour le cinéma et l’audiovisuel l’ association des auteurs, les producteurs; le président est un ancien journaliste, un réalisateur de documentaires.

L’intérêt de cette approche est double: il vient de ce qu’il existe, d’une part une indépendance de l’équipe qui a un positionnement autre qu’institutionnel mais aussi, d’autre part,  le regard des professionnels. Ce carrefour est riche, entre développement de filières et de créations, commandes de la collectivité régionale et besoins des professionnels. Par exemple, pour le cinéma on travaille bien avec l’association des producteurs sur les orientations à fixer ensemble; ça permet d’avoir des comités d’experts indépendants, très soucieux de la qualité des projets qui devront être soumis à la Région. Car, si nous faisons le travail, en amont, technique, d’expertises avec les comités, à la fin, bien entendu c’est elle qui décide de soutenir ou pas. Notre obligation c’est d’apporter les arguments pour qu’elle soutienne les bons projets . Ecla est là, bien identifiée. J’ai pu le mesurer auprès des Aquitains, mais aussi en allant au Fipa à Biarritz en janvier, à Clermont-Ferrand au Festival du court métrage où, par parenthèse, un film aquitain, « le Sens de l’orientation » a reçu le second prix cette année. Sur la diffusion on a un rôle à jouer pour accompagner les films qui sont aidés, c’est déjà fait mais nous menons une réflexion avec les festivals, les salles, les producteurs…

@! – Et y compris pour élargir la diffusion sur les territoires…
C.P. – Nous travaillons avec l’Association des Cinémas de proximité d’Aquitaine, l’ACPA, un réseau de salles indépendantes, notamment dans des territoire ruraux; l’intérêt est de comprendre leur sensibilité, voir quel type de films les intéresse et en même temps être incitatifs. On est parti, ainsi, sur un chantier avec l’Agence nationale du court métrage qui a une vraie expertise. Comment, par exemple, renforcer la diffusion du court métrage trop souvent traité, au mieux, comme un avant programme et ne bénéficiant pas, le plus souvent, de la vitrine nécessaire au niveau des salles.

La région Aquitaine a fait un gros investissement pour aider les salles indépendantes à s’équiper de projecteurs numériques. L’intérêt, maintenant, c’est de voir ce que cela va nous permettre de faire. L’ACPA en Aquitaine a innové en mettant en place un dispositif, le Clap, d’avant programme ; il faut renforcer cela.. et jouer, intelligemment, sur les plateformes web, les réseaux sociaux, pour toucher des populations qui n’allaient pas dans les salles….

Un rendez vous incontournable et attendu par les éditeurs aquitains

@! – Le livre aussi n’échappe pas à l’effet numérique…
C.P. – Le numérique est en train de bouleverser tous les métiers…Le livre vit plus ou moins la même chose, avec sans doute un rythme différent, peut être plus lent. La question, c’est que pour le moment il n’y a pas de modèle économique. A la différence du cinéma. Ce sont les grands majors américains qui ont imposé de tourner des films en numérique, des sorties en numérique et aux salles de passer au numérique…

Des expériences sont en cours sur la diffusion des grands groupes du livre. Cela réinterroge les éditeurs indépendants, les libraires, toute la chaîne du livre sans qu’on ait de réponse définitive. Nous avons le rôle, avec l’appui de l’Etat et de la Région d’accompagner la réflexion, de tenter des expérimentations. Par exemple il faut continuer le travail de fond, engagé depuis longtemps de soutien à la création, à l’édition…

@! – Ecla sera donc encore très présent, cette année, au Salon du Livre de Paris auprès des éditeurs aquitains
Olivier du Payrat  – Paris c’est un rendez vous incontournable pour nos éditeurs, très important; ils l’attendent, le demandent; c’est un rendez vous dans tous les sens du terme: avec le public parisien, avec des contacts professionnels, l’occasion pour les éditeurs de retrouver leurs auteurs sur le stand, de voir certains de leurs fournisseurs, leurs imprimeurs … D’année en année il y a toujours la même demande et nous essayons de progresser sur le travail de convivialité, d’animation que l’on fait avec eux. L’an passé, nous avions mis en place une délégation professionnelle de libraires, de bibliothèques de la région. Cette année on reconduit cette initiative avec, en plus, un temps fort sur la jeunesse, l’édition de jeunesse de la région qu’on veut mettre à l’honneur.

@! – La présence pouvait être alternative en 2012, certains éditeurs ne venant qu’une journée et le plus grand nombre étant présents pendant les quatre jours du salon
O. du P. – Ce sera toujourse le cas; on veut garder des modules souples: petits stands, grands stands… mais le travail qualitatif que l’on fait conduit les éditeurs à choisir les grands stands et à rester présents pour la durée entière du salon. Ce travail de fond me fait penser, en particulier, à un éditeur qui va être pour ses 20 ans, chez Actes Sud au Salon, Gaïa. C’est devenu un éditeur de la région des plus importants.

@! – Que vous avez porté sur les fonts baptismaux.
O. du P. – On l’a porté, il a grandi, il est devenu adulte. Il n’est plus dans notre jardin d’enfants… Il revient pour fêter son anniversaire.

@! – La Région Aquitaine très impliquée dans la chaîne du livre, accueillera, aussi, bientôt les secondes rencontres nationales des libraires…
O. du P. – En effet, la région va accueillir les secondes rencontres nationales des librairies et libraires. Les 2 et 3 juin. Il ya deux ans, ces premières rencontres organisées par le Syndicat de la Librairie ont connu un succès qui a dépassé les attentes. La librairie est le maillon fragile de la chaîne du livre, est objet d’attentions particulières. Ce n’est pas simple de voir quelle politique publique peut être mise en oeuvre pour des commerces privés. Les libraires ont fait le choix de venir en Aquitaine, à Bordeaux, pour leurs secondes rencontres. Nous sommes étroitements liés à l’organisation de ces journées et fiers qu’elles aient lieu ici. La ministre devrait venir et annoncer des mesures pour la librairie.

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