« De la santé en Europe à l’Europe de la santé », d’après Michèle Delaunay


DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/04/2009 PAR Solène MÉRIC

Si Michèle Delaunay constate que le niveau de la santé en Europe reste inégal, « il est tout de même relativement satisfaisant et en amélioration », « cela dit, une Europe qui ferait de la santé une de ses priorités, pourrait rendre la situation sanitaire européenne excellente ». Pourtant, un certain nombre de freins existent à cette prise en main de la question par les instances européennes. La députée les liste et en décompte quatre principaux.

L’ Europe de la Santé, une Europe « perdue d’avance » ?
Le premier, se rapporte à l’arbitrage entre les compétences des Etats et celles de l’Union européenne. « La santé fait partie des domaines régaliens des Etats , et, l’Union européenne n’a ici que peu d’ambition et peu de pouvoir ». A ce premier frein, s’ajoute celui de « l’idée fort répandue dans l’opinion publique, que la prise en main de la politique de la santé par l’Europe, nivellerait les politiques nationales par le bas ». Une troisième résistance à la mise en place d’une véritable Europe de la Santé, et qui découle du caractère régalien de ce domaine, tient en la pluralité des systèmes de santé auxquels certains Etats, comme la France, sont particulièrement attachés. Un dernier élément ne plaidant habituellement pas en la faveur d’une Europe de la santé, « c’est que le domaine médical n’a pas attendu l’Europe pour se mondialiser ». En effet, la députée socialiste rappelle qu’ « il n’y a déjà plus de frontière dans le domaine scientifique, les articles paraissent en anglais et les congrès médicaux sont mondiaux, toutes les nationalités y participent ». Dans ce même ordre d’idée, elle souligne la puissance de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui, même en l’absence de pouvoir contraignant joue un rôle considérable en matière de santé mondiale, y compris en Europe. Alors, l’Europe de la santé serait-elle une Europe inutile et déjà « perdue d’avance » ?

La santé en Europe, « un facteur d’union »
La réponse de Michèle Delaunay est sans appel, « l’Europe doit se mobiliser autour de cette question de la santé. Elle doit parvenir à en faire un moteur de la construction européenne » ; c’est une nécessité « non seulement pour elle-même mais pour l’ensemble des Etats qui la composent ». Selon la députée PS, les raisons sont pléthore. La santé est, en elle-même, « un facteur d’union car tous les pays et tous leurs habitants ont un besoin et une préoccupation de santé considérables ». Un autre facteur de rapprochement entre tous les citoyens européens tient en « l’augmentation naturelle des coûts des soins du fait de l’amélioration des technologies et des médicaments »; dans ce domaine non plus il n’y a pas de frontière. Michèle Delaunay constate d’ailleurs que quel que soit le système de santé mis en œuvre dans les Etats européens, « nous sommes tous dans le même gouffre », « c’est une raison de plus pour que l’Europe s’en préoccupe à un niveau supérieur ». Un autre élément de soutien à la mise en place d’une politique européenne ambitieuse de la santé a pour origine la fracture sanitaire qui s’installe de plus en plus en Europe. « Cet écart qui se creuse entre les plus riches et les plus pauvres impose un « besoin d’hôpital » en Europe, c’est-à-dire la survivance d’établissement non privatisés ». La députée du PS admet volontiers que pour cela « il faudrait une majorité politique européenne qui propose une politique de service public qui tienne la route… »

« Des acquis d’importance »
Cela dit, si l’intervenante dénonce « le manque d’ambition de l’Europe à établir une politique visant à élever le niveau de santé des européens », elle ne dénigre pas le travail déjà accompli. Elle cite de nombreux exemples d’initiatives européennes: la mise en place d’actions sur les maladies transmissibles et les éléments infectieux, ou encore, l’organisation d’un centre de prévention et de contrôle d’alerte. Elle souligne également l’importance du travail européen dans le domaine de la sécurité sanitaire et alimentaire avec le dispositif REACH, qui impose désormais aux industriels de démontrer que les produits chimiques utilisés ne sont pas nocifs pour l’homme. De même, elle juge l’harmonisation des diplômes et l’acceptation de labellisation de toutes les professions de santé comme « des acquis d’importance ».

« Un manque d’ambition »
Là où le bât blesse, c’est que « l’Europe manque d’ambition. Elle agit mais de manière trop confidentielle sur un domaine qui pourrait être un créneau formidable pour la mobilisation des européens ». Pour autant elle ne préconise pas de passer directement par l’adoption de règles impératives ne pouvant que « générer des résistances nationales ». « Il faudrait commencer par mettre en place un certain nombre d’indicateurs de la santé en Europe en posant l’ambition de monter les objectifs par le haut. C’est ainsi que l’on rendra la politique de la santé sensible aux citoyens et en en faisant ainsi un vecteur fort d’adhésion au projet européen ».

Solène Méric

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! SPÉCIAL > Nos derniers articles