Le Bord de l’Eau éditions:  » Wolfgang Amadeo Mozart, rêver avec les sons », de Michèle Lhopiteau-Dorfeuille.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 18/03/2011 PAR Anne Duprez

« Je reste le même… mais qui ? Le même Hanswurst. Wolfgang en Allemagne, Amadeo de Mozartini en Italie ». Voici ce qu’écrit Mozart à sa sœur Nannerl, lors d’un voyage à Bologne, alors qu’il a à peu près 14 ans, et elle 19. «  Un Hanswurst est un personnage des farces populaires allemandes », nous dit Michèle Lhopiteau-Dorfeuille, «  l’équivalent d’Arlequin en Italie ». Et c’est bien un Arlequin que l’on découvre, au fil des pages : multifacettes (dans le sens multi-talents), multicolore, facétieux et fascinant.  Un homme d’exception certes, mais aussi et surtout un homme vrai, proche, compréhensible car un homme de son temps. Et  le caractère exceptionnel de Mozart réapparaît alors avec plus de force, comme plus acéré, car mieux mis en lumière.

Car l’un des grands intérêts de ce livre, est qu’il replace Mozart dans le contexte de vie d’un homme du 18ème siècle. Un homme qui plus est musicien. On comprend alors, ce que notre époque a occulté, que les musiciens, fussent-ils des génies,  n’en étaient pas moins alors des domestiques, au service des plus grands. Mozart, comme son père, porte un temps la livrée du comte Hieronymus von Colloredo, Prince Archevêque de Salzbourg, dont il ne peut se départir que sur la bonne volonté de celui-ci. Lorsqu’il y parvient enfin, quatre lettres de démission  et un humiliant coup de pied au derrière plus tard, il ne parvient pas pour autant à faire sa place dans toute autre cour qu’il visite, le génie ne valant rien en regard des intrigues et solidarités politiques  des gens de pouvoir et d’argent. On comprend alors la grande souffrance de cet homme, être d’exception condamné à se fondre dans la masse sans mots dire, à obéir et à servir.

Car Mozart, être d’exception, fut élevé aussi de manière exceptionnelle, dans une famille d’exception. Il est rare en effet, à cette époque, et pour des parents, de prendre autant de soin de leur progéniture,  comme il est rare de donner l’éducation qu’elle a reçue à Nannerl la sœur de Mozart. Michèle Lhopiteau-Dorfeuille, insiste sur la modernité d’attitude de cette famille, soudée, et qui ne cesse de mettre en valeur les talents de ses enfants. Mozart lui-même encourage sa sœur à composer, alors même qu’une telle activité était totalement refusée aux femmes du 18ème. On est loin du portrait de père despotique que la postérité a réservé à Léopold, le père de Wolfgang.

Wolfgang Amadeo Mozart est né trop tôt. Son caractère, par trop moderne avant l’heure, aurait sans doute trouvé  dans notre siècle une place plus adaptée à son immense mérite.  Mais Mozart, comme nous le révèle Michèle Lhopiteau-Dorfeuille est aussi mort trop tôt. Empoisonné sans doute par un traitement dangereux, abusivement prescrit. Injustice des temps, dont le décalage, pourtant, reste impuissant face à la force du génie, qui toujours nous bouleverse, plus de 200 ans après sa mort,  et qui nous touche plus encore, à la lecture du portrait qu’en fait ici Michèle Lhopiteau-Dorfeuille. Elle lui rend enfin, plus qu’un magnifique hommage, une véritable identité, non usurpée cette fois par les scories de notre imaginaire. On se plaît à espérer que lui, si sensible aux nuances musicales, et en même temps si assoiffé de reconnaissance et d’amour, entende, la où il est, cette voix qui, enfin,  chante si juste.
Photo : aqui.fr

Anne DUPREZ

Wolfgang Amadeo Mozart, rêver avec les sons. Michèle Lhopiteau-Dorfeuille. Le Bord de l’Eau éditions. 2 CD joints.
www.editionsbdl.com

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