Le Conservatoire végétal régional : 984 variétés de pommes en Aquitaine !


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/05/2010 PAR Joël AUBERT

Jusqu’à récemment, l’industrie agroalimentaire fermait les yeux sur la quantité extraordinaire de variétés de plantes cultivables. Elle encourageait une sélection toujours plus poussée vers des variétés ultra productives, rarement issues du patrimoine français, au détriment des caractéristiques telles quela résistance aux maladies ou au gel. Evelyne Leterme, fondatrice et directrice du Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine, reconnaît qu’aujourd’hui les discours ont changé : « alors que les professionnels de l’arboriculture et les organismes de recherche comme l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) n’étaient pas du tout intéressés par les variétés anciennes en 1980, ils réalisent aujourd’hui l’utilité de ces réservoirs de gènes ». En effet, dans un contexte où les producteurs doivent diminuer les traitements phytopharmaceutiques et l’utilisation d’engrais, disposer de plantes rustiques résistantes aux maladies est un avantage indiscutable.

Evelyne Leterme: une femme passionnée
Ecouter parler la directrice du Conservatoire est, comme le jus de pomme, un régal. C’est une femme passionnée : rien qu’à l’œil, elle sait reconnaître environ 200 variétés de pommes différentes ! C’est en 1979, la prospection de variétés au sein du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. Le but était de récupérer sur les 5 départements un maximum de variétés. Après trente ansd’expédition, à goûter des pommes, des poires et des cerises à travers toute la région, 1978 variétés de fruits sont référencées dans la base de données du Conservatoire ! Dans la société actuelle, pour le plus commun des mortels, comment imaginer que l’Aquitaine compte 984 variétés de pommes ?
Fort d’un domaine de 12 hectares sur dix sites d’accueil, le Conservatoire s’auto-finance à 70%. Les recettes proviennent principalement de la vente de 30 000 arbres chaque année. « Le fait que nous assurions la plus grosse part de notre budget est à double tranchant : certes, cela permet de diffuser un maximum de matériel végétal. Mais cela grignote le temps que nous pourrions consacrer à la recherche ! ». L’association de soutien au Conservatoire, créée en 1983, est essentielle : les bénévoles ont apporté en 2009 une contribution équivalent e à 928 journées de travail gratuit.

Une éducation à faire
Il faut se rendre à l’évidence : le public n’a pas conscience, parce qu’il n’en a pas connaissance, des enjeux que constitue la préservation du patrimoine génétique. « Il y a toute une éducation à faire auprès du grand public. Mais il y a de l’espoir, car les choses ont évolué, positivement ». Faut-il alors crier « Victoire aux Fruits Retrouvés » ? Peut-être pas tout de suite. Evelyne Leterme rappelle que les nombreux préjugés sont une barrière: « je me souviens de cette prune, petite et violette, loin de l’image de la prune classique que l’on trouve sur les étals. La prune Datil est une variété très résistante aux maladies, mais on nous répétait qu’elle ne pouvait pas se vendre en France. On a organisé une dégustation avec une coopérative de producteurs, et on a été obligés de mettre une grosse assiette au milieu de la table pour récupérer les noyaux ! ». L’expérience le montre bien : si l’aspect est « hors normes », le fruit sera unanimement rejeté. Le secret, c’est de faire goûter.
C’est pour ne plus connaître ce genre de situations que le Conservatoire renforce ses actions de sensibilisation vers le grand public : 47 manifestations ont eu lieu l’an dernier. La Fête de l’Arbre, qui a lieu cette année les 25 et 26 novembre à Montesquieu(à 15 km d’Agen) est le point culminant de tous ces rendez-vous avec 6000 visiteurs. L’évènement ne pourrait exister sans les 140 bénévoles mobilisés pour l’occasion : c’est aussi une magnifique preuve de solidarité.

Opaline Lysiak

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