Municipales : enjeux métropolitains


Bordeaux Métropole
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 25/06/2020 PAR Romain Béteille

23. C’est le nombre de voix qu’il manquait à l’actuel maire de Bègles, l’écologiste Clément Rossignol-Puech, pour être élu au premier tour le 15 mars dernier. Ce mercredi, il se livrait, en mode champêtre au Parc de Mussonville, où quelques chaises étaient prêtes mais où les gens ont préféré s’asseoir dans l’herbe, à un dernier « meeting » de campagne histoire de remotiver les troupes. Avec 49,68% des voix, il a fait face au sans étiquette (considéré à droite par le sortant) Christian Bagate (21,89%). En Marche, en revanche, n’a pas percé : le candidat François Jamet a obtenu 9,53% des voix. Même chose pour la France Insoumise (8,89% pour Fanny Zellner) ou le Rassemblement National (6,32% pour Maryvonne Bastères). Comme dans beaucoup de communes, le grand vainqueur de ce premier tour reste l’absention : 62% à Bègles. C’est sans doute elle qui décidera de l’issue du second tour puisqu’aucune consigne de vote claire n’a été donnée par les perdants.

Bordeaux métropole

Également conseiller à la métropole, au sein de laquelle il souhaite voir conserver les trois sièges des écologistes, le maire l’assure, « Bordeaux peut basculer à gauche. D’autres communes peuvent faire la même chose : Saint-Médard-en-Jalles, Pessac, Villenave d’Ornon, Artigues-près-Bordeaux ou Carbon-Blanc. On peut avoir une majorité écologiste de gauche. Peut-être que la gestion de la métropole va évoluer un peu, tout va dépendre de l’entente entre Communauté d’Avenir et En Marche mais je souhaite qu’on puisse avoir un exécutif plus resserré avec un contrat de gestion plus appuyé ». L’arrivée du duo Florian/Cazenave dans l’équation a beau avoir rajouté des incertitudes quant au fauteuil de président de la métropole et aux différents groupes qui pourraient composer la future majorité, l’idée d’un suffrage universel fait son chemin. Clément Rossignol-Puech, lui, est plus mesuré.

« On pourrait peut-être faire ça pour la moitié des conseillers métropolitains. Tant que les communes existent, elles doivent quand même se faire représenter à la métropole. Par contre, il faut absolument avoir un débat démocratique à l’échelle de la métropole avec des projets présentés parce qu’actuellement, il n’y a pas de débats et ça manque, on voit encore les grands thèmes comme les transports ou l’urbanisme du point de vue des communes ». Un petit doute subsiste encore pour le successeur de Noël Mamère, qui se confronte ici aux urnes pour la première fois après avoir été laissé aux manettes en 2017 au gré d’une démission anticipée : « On a vu que globalement, les quartiers populaires se sont abstenus beaucoup plus massivement. Ça prouve qu’une partie de la population décroche complètement du contrat démocratique ». À voir si les listes d’émargement du second tour le confirment. 

Vert, rose et bleu

Les communes citées par l’élu vert n’ont rien d’un hasard : l’issue de leur scrutin reste encore incertaine pour les verts et roses. À Saint-Médard-en-Jalles, le jeu des alliances a joué à plein durant l’entre-deux-tours. Le maire sortant, Jacques Mangon (37,98%, divers centre) s’est allié avec Stéphane Bessière (sans étiquette, 17,13%). À gauche, Stéphane Delpeyrat (27,93%) lui a préféré Cécile Marenzoni (sans étiquette, 16,94%), le tout autour d’une abstention à 59,83% (elle était de 33% en 2014). Le quatuor devenu duo va donc devoir la jouer serrée. Jacques Mangon a par ailleurs porté plainte contre X suite à des propos racistes tagués sur la façade de sa permanence ainsi que sur la façade d’un restaurant proche, découverts mercredi matin.

Jouer serré, c »est encore plus vrai à Pessac, où le socialiste Sébastien Saint-Pasteur (26,31%) s’est allié à l’écologiste Laure Curvale (21,37%) pour faire face au sortant Franck Raynal (divers droite, 45,41%). L’alliance n’est, cela dit, pas une surprise : elle avait déjà eu lieu en 2015 lors des élections départementales dans le deuxième canton, où la victoire avait été remportée d’une courte tête (50,86%) face aux candidats d’union de la droite Fabien Leroy et Karine Roux-Labat (49,14%). L’enjeu sera donc de savoir si l’histoire se répète ou non…

Du côté de Villenave d’Ornon, ça a l’air moins serré pour le sortant Patrick Pujol (divers droite, 48,37%) qui a fait face à la socialiste Stéphanie Anfray (31,45%) et à l’insoumis Patrick Bouillot (11,24%). Si le dernier s’est depuis retiré du jeu, l’abstention très haute (64,51%) pourrait profiter aux deux camps, d’autant que l’entre-deux tours a été l’occasion pour quelques colistiers de la liste de Patrick Bouillot de rejoindre l’équipe de Stéphanie Anfray. Le maire sortant, de son côté, a gardé la même liste.

Les esprits se sont échauffés ces derniers jours à Mérignac. La candidate écologiste et conseillère municipale et métropolitaine (cheffe de file des verts) Sylvie Cassou-Schotte (17,67%), qui était partie en solo au premier tour, s’est depuis ralliée au maire sortant, plaçant ainsi huit colistiers dans la liste divers gauche d’Alain Anziani (42,33%) et amenant avec elle quelques propositions d’un programme qui servait visiblement plus de visibilité aux verts en tant que force politique, notamment l’idée d’un conseil citoyen. L’écologie est en tout cas défendue partout et le bilan écologique du sortant étrillé du côté des deux candidats encore en liste sur des listes séparées : Thierry Millet (17,1%) à droite et Bruno Sorin (10,26%) pour En Marche. Pour le premier, c’est par les réseaux sociaux que la situation s’est enflammée ces derniers jours.

Des propos polémiques ont en effet été repartagés sur Twitter par deux colistiers du candidat, Sandrine Deniaud et Jean Borbely, et dénoncés rapidement par les équipes du maire sortant. L’un de ces posts fait notamment le parallèle entre les résultats de la convention citoyenne et l’Allemagne nazie. Conséquences : la première s’est retirée de la campagne et le second a été exclu de la liste. Le numéro 3 de la liste de Thierry Millet, Thomas Dovichi, a également décidé de se retirer de la campagne, affirmant « désapprouver fermement ces propos indignes, en totale contradiction avec les valeurs que je défends ».

Ces petites vagues ne font en tout cas que marquer un peu plus une campagne compliquée à Mérignac, où certains candidats ont essuyé les plâtres et où d’autres se sont battus à coup de collages d’affiches. Ce même climat a d’ailleurs été dénoncé par les différents candidats à Ambarès-et-Lagrave, où Michel Hérité a effectué le 23 juin son dernier conseil municipal après seize ans à la tête de la commune. Le candidat de gauche Nordine Guendez est arrivé en tête avec 30,63%, suivi par l’opposant (passé par plusieurs partis) David Poulain avec 15,84%. Fait remarqué, l’extrême droite arrive troisième avec Éric Poret (14,23%). Enfin, le nouveau Steeven Florès termine quatrième avec 10,88%. C’est donc des forces politiques divisées qui s’affronteront dans cette quadrangulaire.

Alliances et maintiens

À Carbon Blanc aussi, l’issue est incertaine. Après le premier tour qui augurait une triangulaire, la candidate Valérie Drouhault (26,01%), un temps adjointe à l’éducation du maire sortant, s’est retirée du jeu, coupant ainsi l’herbe sous le pied à une éventuelle alliance. « Le maintien que nous avons pu envisager et que beaucoup d’entre vous auraient souhaité ne nous paraît pas responsable. J’ai donc décidé de retirer notre candidature au second tour. Je sais que certains seront déçus, d’autres surpris car cette posture est inhabituelle en politique. Elle témoigne cependant de ma volonté de faire de la politique autrement, d’insuffler un dynamisme de renouveau qui contraste avec les pratiques actuelles dictées par des ambitions personnelles », a réagi l’intéressée sur Facebook. Alain Turby (35,15%) fait donc face, pour un éventuel deuxième mandat dans l’ancien bastion du socialiste feu Philippe Madrelle, au candidat divers gauche Patrick Labesse (30,89%). Quid du report des voix de l’ancienne adjointe et du poids de l’abstention (57,01%) ? On ne le saura qu’au soir du second tour puisque le débat public proposé par le maire sortant a été refusé par l’adversaire, toujours dans la course à 103 voix d’écart.

Artigues-près-Bordeaux joue aussi gros pour ce second tour. Écartée par la maire sortante Anne-Lise Jacquet (divers droite, 37,94%) lors des élections de 2014, qui lui avait retiré sa délégation, l’ancienne première adjointe Bernadette Cazade (finances, sports et associations) a obtenu 25,07% des voix au premier tour. Dans sa liste, elle avait emmené d’anciens colistiers d’Anne-Lise Jacquet et des opposants socialistes. Entre les deux, le candidat vert et rose Alain Garnier, arrivé à 36,98%, défendra bien son score dans cette triangulaire, avec 25 voix d’écart. 

À Bruges, le jeu des alliances a pris des airs bordelais puisque face à la maire sortante Brigitte Terraza (divers gauche 47,40%), la droite LR portée par Hortense Chartier (19,69%) et En Marche par Guillaume Bourrouilh-Parège (13,66%), ex-adjoint de Brigitte Terraza en 2014, se sont alliés en vue du second tour. Le candidat divers droite Philippe Seguineau, en revanche, s’est retiré du jeu.

 Jean-Jacques Puyobrau, maire de Floirac, part de son côté avec une confortable avance : 48,61% des voix face au candidat divers droite Nicolas Calt (26,57%) et au représentant du Rassemblement National Alexandre Ledoux (10,1%). Si les yeux seront évidemment beaucoup tournés vers Bordeaux, nul doute que les urnes devraient aussi s’entrechoquer dans le reste de la métropole. Réponses au soir du 28 juin.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles