Noel Mamère : « C’est le jour d’après qui compte »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/04/2017 PAR Ludivine Vellion et Nina Bernadet - Etudiants EFJ

Appelez-vous à voter Macron face à Marine Le Pen ?

Noël Mamère – Oui, sans hésiter une seconde

Malgré tout, pensez-vous que Marine Le Pen a des chances d’être élue présidente ?

N. M – Non, je ne crois pas, elle ne sera pas Présidente. Mais je me trompe peut-être. Après tout, on disait que Trump ne serait pas élu.

D’un point de vue écologique, quelles seraient les conséquences de l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ?

N. M – Elle ne fera rien pour l’écologie, bien au contraire. Mais les conséquences de l’élection de MLP, c’est pas seulement d’un point de vue écologique qu’il faut les regarder, c’est sur nos droits, nos libertés. C’est ce qui compte avant tout.

Vous dites régulièrement que la vie politique française se trouve à la fin d’un cycle. Qu’entendez-vous par là ?

N. M – Les partis politiques sont incapables de réguler la vie démocratique de ce pays. Il y a beaucoup de division à droite, masquée par la fin de la campagne. mais si Fillon n’est pas au deuxième tour, ce que je souhaite, ça sera l’explosion de la droite. La gauche est aussi très divisée. Et l’écologie, avec EELV, ne compte plus. On est devant une sorte de champ de ruine à partir duquel il va falloir tout reconstruire.

LE PS/EELV ont fait 6,5%. Comment expliquez-vous que la voix de l’écologie a du mal à porter ?

N. M – Elle les concerne mais pas suffisamment parce que beaucoup de gens sont davantage préoccupés par leur survie, le chômage, l’éducation, le logement, tout ce qui constitue la vie quotidienne. C’est à nous de leur expliquer que l’écologie, c’est un outil de lutte contre les inégalités. Quand on construit des maisons thermiquement bien isolées, ça vous coûte moins cher que si vous avez une passoire. La précarité énergétique touche principalement les familles les plus pauvres. L’écologie c’est pas simplement dire « il faut plus d’oiseaux et plus d’arbres », c’est la conception globale de la société. Il n’y a pas une réponse univoque. Ce qui a toujours fait l’honneur de l’écologie, c’est qu’elle a toujours tenu compte de la complexité du monde.

Vous souhaitez une recomposition de la gauche et de l’écologie. Cela veut-il dire que l’écologie ne peut plus exister qu’à travers le PS ?

N. M – Quand on nous dit l’écologie c’est ni à droite ni à gauche, c’est faux. La droite, c’est le maintien des acquis, la défense de certains lobbys. Elle ne remet pas en cause un mode de développement, un mode de production et un mode de vie, à l’instar des écologistes. En revanche, il y a des valeurs de la gauche qui rejoignent celles des écologistes sur la tolérance et sur l’égalité des droits. Quand j’arrache un pied d’OGM et que je suis condamné par les tribunaux, je me sens autant à ma place que lorsque je marie deux hommes.

Benoit Hamon était-il le bon candidat pour la gauche ?

N. M – Pour les écologistes, oui. Pour la première fois depuis 40 ans, la gauche traditionnelle a enfin intégré le projet de l’écologie dans son programme et en a fait sa base. Benoit Hamon a même dit : « Je ne serai plus jamais socialiste sans être écologiste. » J’ai voté pour lui dimanche. Ceci dit, dans cette campagne, on ne l’a pas suffisamment entendu. Pour autant, la reconstruction de la gauche et de l’écologie ne s’est pas arrêtée le 23 avril. C’est le jour d’après qui compte.

Pendant quelques temps, vous avez été pressenti pour être le candidat d’Europe Ecologie Les Verts mais vous avez finalement renoncé. Sans la case primaire, vous seriez-vous présenté ?

N. M – J’ai été sollicité et j’ai hésité pendant un moment. J’aurais pu être candidat sans aller à la primaire mais je pense que ça ne se serait pas bien passé quand je regarde le paysage aujourd’hui. J’aurais eu beaucoup de mal à défendre le projet de l’écologie. Mais je n’ai pas de regrets, il ne faut pas en avoir en politique. Je pense qu’il faut se battre pour que ce qu’on a construit avec Benoit Hamon dure et que ça ne s’effondre pas comme un château de sable.

Quels sont vos projets pour la suite ?

N. M – Continuer à proposer des documentaires aux chaines de télévision et contribuer à la recomposition de la gauche et de l’écologie. Je ne serai plus maire de Bègles le 29 juin au soir. Je préfère que cette équipe prépare les municipales de 2020 dans de bonnes conditions. Je suis dans la transmission aux nouvelles générations parce que je considère que trop d’hommes politiques s’accrochent désespérément et deviennent pathétiques.

Ferez-vous toujours partie du paysage politique ?

N. M – Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de le dire. J’ai été journaliste et présentateur durant de nombreuses années et je sais très bien que lorsqu’on est plus en vitrine, on n’existe plus. Dans le journalisme comme en politique.

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