Portraits de femmes en campagne: Chantal Séguillon, d’un combat à l’autre


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 25/02/2010 PAR Solène MÉRIC

Etre orpheline de père à 12 ans, « ça vous forge le caractère et vous donne le sens des responsabilités très tôt ». Première et difficile leçon de la vie pour la jeune adolescente Dordognaise. D’abord contrainte à une multitude de petits boulots « vitaux » pour aider sa famille, elle se destine au métier d’infirmière. « J’avais une vraie vocation pour aider les gens, les soutenir. Mais on m’a bien fait comprendre que ce n’était pas ce que l‘on attendait de moi. » Ni une ni deux, elle « claque la porte » de l’hôpital de Sarlat, trop frustrée de ce « manque de considération pour l’être humain ».

Elle se bat, et elle gagne
Première grosse déception, et deuxième virage dans son parcours. Après un an de réflexion, elle change de vie et opte pour la culture maraîchère. «Avec la terre on a l’horizon dégagé, on peut tout faire ». Jeune Agricultrice et seule femme dans ce milieu masculin, elle se dévoue corps et âme, nuits et jours, à cette nouvelle vie. Même les hommes, réticents à son arrivée, l’admirent.
C’est sur les marchés qu’elle croise son futur époux, Francis Veyry, viticulteur au Maine-Reynaud. Mais, après six ans de mariage, il décède dans un accident de la route. Troisième épreuve : seule avec deux enfants sur une propriété où elle est « invisible », sans statut, « même pas celui de conjoint collaborateur ». L’épreuve devient « cauchemar » quand la belle-famille s’en mêle, réclame les terres et tente de lui retirer ses enfants. Elle prouvera coute que coute, qu’elle aussi participait à la vie de l’exploitation, mieux, la valorisait. « Pour les enfants, c’était becs et ongles ». Elle se bat donc, et gagne. Avec les honneurs de la justice. « Depuis ça, je n’ai peur de rien ».

Une combativité remarquée
Pas étonnant qu’avec ce caractère, d’autres l’inscrivent sur une liste aux élections municipales de Saint-Pey-d’Armens. Elle finit par accepter le défi, et assume désormais pleinement son rôle de conseiller municipal. C’est aussi cette combativité qui la pousse à co-présider un mouvement contestataire de viticulteurs après la grêle de mai 2009. Par ce biais apolitique elle plaide la cause de la viticulture et fait entendre sa détermination « à faire le lien entre la base et les sphères politiques, parce qu’il y en a marre de la parole confisquée ». Son mouvement est remarqué à la Région, et du même coup sa personnalité pleine de punch. A tel point qu’on lui propose une place sur la liste PS aux élections régionales.

« Ne pas se contenter d’être spectatrice »
Pour autant, elle n’est pas « pour le combat des étiquettes politiques ; c’est simplement qu’elle ne peut pas se « contenter d’être spectatrice. Regarder l’autre mourir, c’est un peu mourir aussi ». Sa « lutte », comme elle l’appelle, c’est « se battre pour ceux qui n’osent pas », c’est aussi être « le maillon qui représente la base de l’Aquitaine ». Ce terroir, « indispensable à l’équilibre de la Région ». Cette débutante de la politique découvre que « la campagne électorale, c’est épuisant et passionnant en même temps ». « Je rencontre des élus, j’apprends le fonctionnement du système, mais aussi ses lacunes ». Pas de quoi être effrayée; bien au contraire « ça motive ! »

Solène Méric

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