Trois questions à Michel Laplénie, qui dirigera le concert « La voix des anges / La part des anges » du Festival du Périgord Noir.


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/07/2013 PAR Laura Jarry

@qui! – Pourquoi cette collaboration entre l’Institut français (Paris et Budapest) et l’Académie musicale Franz Liszt de Budapest ?
Michel Laplénie – Elle est à l’initiative du directeur du Festival du Périgord Noir, Jean-Luc Soulé, qui a été en son temps directeur de l’Institut français à Budapest et qui a gardé des liens assez étroits avec la Hongrie ; c’était donc son idée d’imaginer une collaboration entre le Festival du Périgord Noir et l’Académie Franz Liszt de Budapest, avec bien sûr le soutien de l’Institut français de Budapest. Il s’agit donc d’une action tripartite. L’idée était d’avoir un échange musical avec une équipe de chanteurs français et des instrumentistes hongrois, que l’on a fait se rencontrer.

@qui! – Comment avez-vous procédé à leur sélection ?
M. L. – J’ai choisi des chanteurs français que je connaissais, avec qui j’ai travaillé pendant les académies précédentes. On a ensuite trouvé une très bonne équipe d’instrumentistes hongrois, qui sait maîtriser le répertoire baroque, et avec qui on a travaillé pendant toute une semaine en avril, à Budapest, dans un très beau palais qui avait été mis à notre disposition par l’Académie Franz Liszt. On a fait un premier concert là-bas, à Budapest, à l’Institut français, et le concert que l’on donnera le 8 août est un peu la réplique française de ce premier concert. On fera une journée de répétition avant celui-ci, pour se remémorer les choses, se rappeler les réflexes ; le premier vrai travail, la masterclass, a donc eu lieu en avril dernier à Budapest.
Ces jeunes instrumentistes hongrois sont en fin de formation ou déjà un peu professionnels ; un peu comme nos jeunes français qui sont à la frange entre la fin des études et le milieu professionnel.
Il y a donc cinq chanteurs français et cinq instrumentistes hongrois, pour un répertoire intimiste, dans le genre qu’on appelle les cantates françaises. C’est un répertoire très limité, très précis, qui a duré une trentaine d’années, au début du XVIIIe siècle, à contre-courant de la grande tragédie lyrique qui avait lieu à l’Académie royale de musique. Là, c’était un répertoire plutôt pour les salons, sur des sujets mythologiques – les mêmes que l’on traitait à l’opéra, mais en prenant juste un aspect d’une œuvre, d’un mythe que l’on mettait en lumière. Des œuvres qui durent un quart d’heure, vingt minutes maximum, avec un ou deux chanteurs, mais le plus souvent un chanteur soliste, accompagné donc d’un violon ou de la flûte traversière, et d’un clavecin continuo. Des œuvres destinées à être chantées devant la bonne société de l’époque, des clins d’œil à des œuvres majestueuses de l’Académie royale de musique.
Pour moi, en tant que pédagogue, c’est un répertoire en or, car il y a un peu tous les aspects de la musique française qui s’y retrouvent, à la fois les récitatifs, comment accompagner un récitatif, comment déclamer un récitatif ; puis des airs qui sont soit des airs tendres, des airs rapides et virtuoses, ou des airs qui appellent des sentiments de cruauté et de barbarie. Une musique très descriptive et très évocatrice des sentiments des personnages. Souvent, c’est un seul chanteur, qui se met alors dans la peau du narrateur mais aussi des personnages qu’il est en train de décrire.

@qui! – Qu’est-ce que vous attendez de ce concert ?
M. L. – J’espère bien sûr qu’entre temps, tout cela aura un peu mûri, que l’œuvre finale soit peut-être plus achevée qu’elle ne l’était en Hongrie. Et que le Périgord aidant, la bonne cuisine, la bonne humeur, le village, toute l’ambiance périgourdine, vont contribuer à mettre tout le monde dans un bon esprit de travail. En plus, le concert se passera dans l’abbaye de Saint-Amand-de-Coly, qui est un très bel endroit, avec une très belle acoustique ; on sera même plus favorisé qu’à l’Institut français de Budapest, qui a un auditorium très sec. On bénéficiera ici donc d’une belle acoustique et d’un public, celui du Festival, qui n’a pas été invité par l’Institut. C’est donc très valorisant pour tout le monde, pour les chanteurs comme pour les instrumentistes qui vont venir d’Hongrie. Et deux des instrumentistes participeront à l’Académie que je fais pendant le temps du Festival.
Ils sont très impatients et contents de participer à cette aventure française et autour de la musique française, qu’ils connaissent moins bien. C’était un peu le but aussi, que les baroqueux français aillent, si je puis dire, porter la bonne parole en Hongrie, et après que le public entende le résultat de cette collaboration. Collaboration qui crée des liens humains aussi, et j’espère que par la suite, les hongrois pourront revenir et nous, repartir là-bas. C’est l’idée : que cela ne soit pas qu’un seul concert, mais une collaboration pérenne.


Programme du Festival du Périgord Noir.

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