Une demande en mariage tout terrain, altercations comprises dans la cave coopérative

Complicité avec le public.
« Une demande en mariage tout terrain » est une pièce de théâtre vivante, où les acteurs n’hésitent pas à prendre à parti le public, et inversement : quelques voix supplient le jeune homme de se mettre à genoux, d’autres spectateurs portent sans rechigner les verres oubliés et les écharpes jetées, mangent les cannelés qui ont mis tant de temps à cuire, ou boivent le vin proposer à la fin. Ce public, de tout âge et de toute classe sociale, donne l’impression d’être acteur de la pièce tant ils jouent et rient aux facéties de ceux qui évoluent à deux mètres d’eux. Un rire franc et massif, du fond du cœur et du ventre, comme pour décoller les mauvais souvenirs de l’année écoulée et faire de la place pour cet été heureux.
Il s’agit de la demande en mariage de deux voisins qui s’adorent et portent en même temps les problèmes de ces proches riverains, côtoyés depuis des années et des générations, et qui ont donc une longue histoire commune, avec ses anecdotes et déboires. Ainsi donc, la grande question demeure : A qui donc appartient le pré aux vaches ? Le jeune homme s’époumone, ils semblent se réconcilier, mais survient alors une nouvelle rivalité : à qui appartient le meilleur chien pour la chasse à la bécasse ? L’un est-il vraiment bégu et l’autre trop âgé ?

Une scène incongrue, pourtant bienvenue.

C’est par cette mise en immersion du public dans la pièce elle-même que le spectacle vaut le coup d’œil, ainsi que pour le talent de ses acteurs. Ceux-là n’hésitent pas à masser, ôter les peluches de pulls, à apostropher, à discuter tout en claquant la jambe de celle qui écoute pour appuyer ses propos. Dans ces chais de la coopérative de Sauveterre, il a certes fallu attendre que le spectacle commence (la faute à une Fête des vins s’éternisant en centre-ville), mais le lieu en valait la peine puisqu’il offrait un immense escalier métallique (qui laisse imaginer une célèbre scène shakespearienne comprenant un balcon), une hauteur de plafond magnifique, avec des tuyaux, cuves et autres barriques devenus des accessoires au dialogue des acteurs.
Les scènes de ce futur ménage sont nombreuses, avec un amoureux qui souffre de palpitations et autres problèmes médicaux à la moindre contrariété, ce qui arrive souvent lorsqu’il s’entretient avec sa bien aimée, cette dernière ayant pris de sa mère son caractère têtu et sa grande voix. Pour finir, après les avoir vus s’écharper, se bouffer le nez (voire même la vie), pendant une heure, que ces deux-là consentent à s’épouser est un soulagement pour le public qui ne peut s’empêcher d’applaudir sans même attendre la fin de la pièce.

Spectacle gratuit.
Autres représentations : 4 Août à Mérignac, 9 Septembre à Bernos-Beaulac, 15 Septembre à Saint-Symphorien, 16 Septembre à Artigues-près-Bordeaux et 21 Septembre à Targon.

Plus d’informations (horaires et lieux) sur le site des Scènes d’été en Gironde.