Alexandra Siarri: Facebook sur la durée ne pardonne aucune imposture aucun mensonge


Alexandra avec quelques autres élus vous avez de bonne heure fait le choix de vous exprimer sur "les réseaux sociaux". Pour l'exercice de votre mandat quels enseignements en tirez-vous

Alexandra Siarri
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/09/2014 PAR Joël AUBERT

@qui! –  Alexandra avec quelques autres élus vous avez de bonne heure fait le choix de vous exprimer sur « les réseaux sociaux ». Pour l’exercice de votre mandat quels enseignements en tirez-vous?
Alexandra Siarri
– ça fait maintenant huit ans que je suis les réseaux sociaux. Au démarrage sur Facebook, et sur Twitter depuis moins longtemps. J’ai toujours été assez active sur Facebook et je l’ai toujours été bien moins sur Twiter sauf, surtout, au moment des campagnes électorales. Facebook, j’y vais quasiment en continu dans ma journée en ne m’exprimant que sur des choses qui sont relatives à mon statut d’élu, à l’exception de mes lectures. Sinon rien de ma vie personnelle, de ma famille, ni de mes voyages, ni même de choses, à de très rares exceptions, qui concerneraient ma vie de maman ou de femme. Pour moi c ‘est un outil politique…

@! – C’est à dire…
A. S. – C’est un outil qui me permet de rendre compte de ma mission d’élue et de tester des choses, par exemple de lancer des débats, de susciter des controverses, de recueillir des avis… parfois des réconforts. J’utilise cet outil pour me remettre en place ce que je pense être des vérités. Ca me permet d’émettre des idées, de corriger des messages et de prendre la température.

Rien ne s’oublie sur la toile

@! – La température… de qui prend-on la température?
A. S.  – Justement… c’est très compliqué : il ne faudrait surtout pas croire que cet outil apporte des éléments de réponse qui sont universels. On sait bien que tout le monde n’est pas sur les réseaux sociaux. J’essaie de prendre comme amis tous ceux qui me demandent… Dès que l’on me demande d’être ami, je dis oui sans me soucier de savoir de qui il s’agit. Si je commence à choisir ce n’est pas bon, je me mets à la disposition de tous ceux qui me demandent et, à des très rares exceptions près, je ne bloque jamais un compte, y compris de quelqu’un qui viendrait me perturber sévèrement sauf – les rares fois où cela m’est arrivé j’ai bloqué le compte de gens qui sont irrespectueux pas tant à mon égard qu’ à celui d’autres personnes – et qui viennent bagarrer sur mon compte d’une manière violente. Ce n’est pas le lieu.

Au bout d’un moment tout cela constitue un public de personnes un peu averties. Le risque c’est de n’avoir que des aficionados qui vous suivent; ceux qui s’expriment le plus sur le compte ce sont souvent des gens qui ont envie de tisser avec toi une relation si ce n’est d’affection, du moins publique, de complicité.

Pour revenir sur l’idée de la température, je dirais que c’est une température orientée.. Elle est utile car cela veut dire que des gens qui me suivent depuis longtemps et ne sont pas forcément dans ma sphère directe, dans ma vie privée ou publique , vont émettre un avis à un moment. Et me dire par exemple : » Oh! toi tu fais beaucoup de politique politicienne ou: «  tiens, tu dis cela mais ça fait longtemps que tu n’en avais pas parlé »…. Ainsi ce sont des indicateurs, des signaux qui peuvent être assez forts.

Car Facebook, pour peu que l’on le pratique sur la durée, ne pardonne aucune imposture ou aucun mensonge. Rien ne s’oublie sur la toile. Si on n’est pas foncièrement authentique ou si on est sur un registre tactique c’est immédiatement perceptible. En effet, il y a toujours des gens qui suivent et vous rappelleront : «  vous aviez dit cela, vous avez fait cela.. » En cela c’est un outil qui, étonnamment, permet de garder la tête sur les épaules et de rester très humble face à la mission d’élue.

Rien ne vaudra le contact physique

@! –  Les réseaux sociaux, après tout, on pourrait rêver que dans une mission comme la vôtre, ils soient le support d’une information encore plus proche du citoyen si celle-ci est organisée pour vous parvenir plus largement

A. S. – C’est tout à fait imaginable, à ceci près que pour moi en tant qu’élue locale rien ne vaudra jamais le contact et la conversation avec une présence physique . A moins de vouloir asséner des vérités qu’on estime absolues et ne pas se soucier de savoir comment l’autre réagit. S’il s’agit de le transformer en outil de propagande ça ne m’intéresse pas. Les réseaux sociaux ce sont des outils parmi d’autres pour passer de l’information. Je ne pense pas qu’il faille rêver et vouloir qu’on puisse toucher tous les gens en même temps. Mais, au contraire, permettre d’en toucher qui ensuite auront envie de venir nous rencontrer dans notre travail d’élu, dans des réunions, des rendez vous. Si ce n’est pas pour un démarrage de prise de contact ce n’est pas la peine. Au fond, les réseaux sociaux permettent de toucher des gens que l’on n’aurait pas forcément rencontrés par les canaux classiques. Après, quand tu es un personnage public il est normal que les gens sachent ce que tu fais, tu penses .

@! – En quelque sorte rendre compte…
A. S. –
Oui rendre compte. Et c’est pour cela que Twitter est tellement piègeux car rendre compte en si peu de caractères , c’est donner à voir , entendre, écouter des informations qui voudraient être des analyses, là où je crois profondément à la nécessité d’une pédagogie du complexe. Plus j’avance dans ma mission d’élue et plus je me dis que je ne suis pas pour le compromis à tout prix ; pour dire il n’y a plus de droite ni de de gauche qu’on est tous d’accord, copains. Il y a de très grandes différences mais pour qu’elles fassent sens on a besoin de deux temps : d’admettre des processus de réflexion un peu longs, de développer les raisons pour lesquelles on prend telle et telle décision. De justifier celles-ci; ç’est le contraire de l’instantané qu’offrent Facebook et encore davantage Twitter.

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