Pau Orthez quitte la Pro A, un déchirement pour toute une région


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/05/2009 PAR Nicolas César

Dans les travées du Palais des sports, Claudine, 62 ans, avait le cœur lourd. Samedi, face à Hyères-Toulon, c’était le dernier match de Pau Orthez en Pro A à domicile. L’Elan a perdu tout espoir de se maintenir parmi l’élite depuis sa défaite 88-85 mardi dernier face à Cholet. « J’ai mal au ventre », confie-t-elle. « Regardez ces trophées, on a connu tellement de moments formidables, on a été neuf fois champion de France, quart de finaliste de l’Euroligue en 1999… », ajoute à ses côtés Patrice, 48 ans, la gorge nouée.

La colère de certains supporteurs

Certains supporters, à l’image de Jean-Louis, 56 ans, ne cachent pas leur colère. « C’est une catastrophe. On le sentait depuis quelques années. Si on ne remonte pas l’année prochaine, on va rester un moment en Pro B, comme Antibes, Limoges  ». Les souvenirs de la « grande époque » reviennent. Aussitôt, il évoque les joueurs qui ont fait le club, les frères Gadou, Pietrus… « Il y a 11 ans, l’Elan faisait rêver, les joueurs de l’Elan étaient fiers de porter ce maillot. Désormais, certains sont des « mercenaires » et viennent pour se montrer, dans l’espoir de trouver un autre club, plus riche », déplore son fils, Laurent, 25 ans. Francis, le gérant de la boutique de l’Elan Béarnais au Palais des sports confirme. « Le club a perdu un peu de son âme cette saison ». Ses ventes de maillots ont été divisés par deux voire trois. « Je n’ai pas vendu un seul maillot floqué d’un joueur français. Du temps de l’Euroligue, les gens étaient fiers d’acheter quelque chose du club, aujourd’hui ils ont presque honte… ».

« Un match à l’image de la saison »

Samedi soir, « le match face à Hyères a été à l’image de la saison », souligne Laurent Mopsus, l’entraîneur, arrivé après un début de saison catastrophique – onze défaites consécutives- de son prédécesseur, Jean-Aimé Toupane. « Les joueurs ont parfois joué sans conscience du danger », dit-il, en pointant « un manque de hargne, d’envie de gagner ». Après avoir mené au score de 19 points, les Béarnais se sont fait rejoindre pour finalement s’incliner 94 à 95. « On ne doit pas perdre ces matchs. J’en suis malade », confie Paul Henderson, un des assistants du coach, les larmes aux yeux.

Comment l’Elan en est-il  arrivé là ? De l’avis de beaucoup de supporteurs, il y a eu « trop d’erreurs de casting ». Le départ d’une demi-douzaine de joueurs et l’arrivée de recrues n’a pas permis à l’Elan d’éviter la descente aux enfers. Claude Bergeaud, le nouveau président, qui a succédé à « l’historique » Pierre Seillant, avait fait le pari de miser sur les jeunes. Mais, « ces jeunes ont cruellement manqué d’encadrement, d’hommes d’expérience capables de leur montrer le bon chemin », regrette Laurent Mopsus. « Nos leaders n’étaient pas concernés. Il devient difficile de trouver ce type de joueurs, car nous sommes dans une société où l’individu prime sur le collectif ».

Des erreurs de recrutement

Claude Bergeaud reconnaît des erreurs, qu’il explique par la situation de l’Elan à son arrivée. « Il y a un an, le club a failli disparaître en raison de ses difficultés financières ». Désormais, tous les regards sont tournés vers la Pro B. Les supporteurs assurent qu’ils seront encore là. « L’Elan, c’est une grande famille et dans les moments difficiles, on doit rester soudés », lance Isabelle, 43 ans. «La ville ne laissera pas tomber l’Élan », assure Frédéric Fauthoux, maire adjoint en charge des sports. « L’Elan Béarnais, c’est plus qu’un club de basket, c’est très important ici pour le tissu social », rappelle Patrice, l’un des membres des « Los Peones », le club des supporteurs. « Les joueurs, les dirigeants de l’Elan Béarnais vont dans les quartiers difficiles, dans les écoles… », souligne-t-il.

Une politique axée vers les jeunes

Désormais, l’Elan souhaite reconstruire avec ses jeunes du « cru », du centre de formation pour préserver les valeurs de solidarité, l’attachement régional qui ont fait les grandes heures du club. Pour montrer la voie, Claude Bergeaud cite l’exemple de Paris, déjà dans l’ascenseur pour la Pro A, douze mois après l’avoir quittée. Avant cela, « il faut gagner mercredi à Besançon pour finir la tête haute et ne pas terminer dernier du championnat », conclut Alain Digbeu, un des « anciens » de l’équipe.

Nicolas César

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