Une charte pour l’urbanisme de Mérignac


RB
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/06/2018 PAR Romain Béteille

Construire mieux et moins

Si les récentes données du Ceser ont mis au jour une nouvelle volonté régionale d’agir sur le foncier local (en plus des ambitions nationales sur le sujet, relativement floues encore aujourd’hui dans leurs applications), la Métropole bordelaise dont la surchauffe foncière est régulièrement dénoncée (malgré un timide arrêt de la tendance ces derniers mois) tente depuis peu d’inverser la tendance des prix de l’immobilier, et surtout de l’escalade à la multiplication des vastes programmes de construction de logements. Après avoir voté une « charte du bien construire » (que la Fédération des Promoteurs Immobiliers n’a pas signé…) et annoncé des mesures concrètes sur la régulation du foncier métropolitain, la collectivité se fait talonner par les 26 autres communes, dont certaines particulièrement concernées par la question et où les grues forment actuellement le paysage. Mérignac est la première à dégainer, ce vendredi, en dévoilant une nouvelle « Charte de l’urbanisme et de la qualité de la ville », censée renforcer une volonté municipale déjà clairement énoncée depuis de nombreux mois : construire moins, moins haut et plus vert.

L’ancien sénateur et maire de la commune, Alain Anziani, évoque cette nouvelle charte, qui bien que n’ayant aucune valeur juridique particulière, est censé rappeler, autant aux habitants qu’aux promoteurs, certaines lignes rouges à ne pas franchir sur le secteur. « Construire des bâtiments toujours plus hauts et plus denses, c’est devenu le modèle urbain des grandes mégapoles et il a été importé sur les territoires. Mais il est très daté et n’est plus conforme aux attentes des habitants d’une ville comme Mérignac. Il y a aujourd’hui un décallage entre la vision des élus, celles des promoteurs et les besoins des habitants ». 

Le pied sur le frein

Malgré l’attractivité toujours galopante de la capitale girondine, qui profite aussi aux communes alentours, Mérignac a donc choisi, comme un certain nombre d’autres communes, de ralentir sérieusement la marche de livraison des permis de construire. Et ça ne date pas d’hier : depuis février 2017 et l’adoption du nouveau plan local d’urbanisme métropolitain, la concentration des constructions dans des secteurs mieux desservis par les transports et spécialement dédiés aux programmes de logements, un développement économique « encadré » et la volonté de développer plus d’espaces verts en coeur de ville ont sonné comme autant de principes tacites fixés pour les communes de la métropole, que certaines ont davantage l’occasion de respecter que d’autres… Reste que la majorité de ces principes se retrouvaient déjà dans le plan 50 000 logements  autour des axes de transports (et, évidemment, l’Agenda 21), dont les dix règles de la charte mérignacaise semblent parfois n’être qu’un prolongement logique.

« Il faut répondre à la demande de logements, donc on va continuer à en produire, mais on a fait le choix de le faire au sein de sites dédiés, des zones de projets (citons Mérignac Soleil, marne, Pichey, le centre ville, La Glacière-Mondésir ou encore l’OIM Bordeaux Aéroparc) situés près des transports en commun. On n’a aucune honte ni réticence à le dire, nous respectons également nos obligations de 35% de logements sociaux. Mais dans toute une partie de la ville, là où il n’y a pas ces grands projets, on a décidé de freiner très fortement la production de logements », poursuit Alain Anziani. Si bien même que selon les données recueillies, « entre le 17 décembre 2016 et le 31 mars 2018, 66.8% des logements collectifs accordés se situent en zone de projets, soit 545 sur 816 ». 

Rappel à l’ordre

Rien de très révolutionnaire dans ces dix engagements, mais quelques règles de base sous forme d’échange de bons procédés. La ville souhaite d’abord inciter les promoteurs à proposer des programmes qui ne soient pas « en décalage avec le tissu résidentiel environnant, notamment en hauteur et en densité », en contrepartie de quoi la ville « s’engage à fournir aux opérateurs une fiche de prescriptions pour toute opération validée supérieure à 1000 mètres carrés de surface de plancher » comprenant notamment le calibre, le volume, la typologie et la densité souhaitées du programme en question, au cas par cas. Construire avec des matériaux « de qualité et résistants, confortables et durables », développer la biodiversité et de la nature en ville, prévoir des capacités de stationnement adaptées, s’adresser à tous les budgets « en privilégiant les propriétaires occupants » (Mérignac étant plutôt une ville résidentielle, rien que du très logique là-dedans), proposer des prix à la valeur vénale (à 2500 euros du mètre carré TTC. Là dessus aussi, la commune suit les directives imposées aux promoteurs par la métropole), intégrer des commerces et des services, organiser une concertation individuelle et collective des riverains et, enfin, discuter « en amont avec la ville de l’opportunité et de la faisabilité » des opérations sont autant de directives formant le squelette de cette charte, dont beaucoup, de l’aveu même du maire, sont déjà appliquées sur le terrain.

Ainsi, la commune affirme qu’elle a refusé, depuis février 2017 et l’adoption du nouveau PLU, deux fois plus de permis de construire en un an que sur la même période l’an dernier, « sans compter les avant projets qui n’ont pas abouti ». Avec, parfois, des obligations de recours qui ne seraient cependant qu’à la marge. À titre d’exemple, en 2017, quinze recours ont été engagés, dont 14 contre des permis de construire accordés (contre 21 recours en 2016, 33 en 2015 et 17 en 2014), autant du côté des riverains que de la municipalité. « On a autant de recours pour prostester contre des accords que des recours pour des refus », confie à son tour le maire socialiste. La charte en question, sauf grande surprise, devrait être adoptée par la majorité lors du prochain conseil municipal, fin juin, tandis qu’Alain Anziani n’exclut pas une nouvelle modification voire une révision de la méthode d’élaboration du PLU dans une échéance plus lointaine. En attendant, d’autres communes de la métropole seraient actuellement en discussion pour adopter le même type de charte de leur côté dans les prochains mois. Voilà qui pourrait promettre des comparaisons intéressantes…

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles