Métropole : des voeux de dialogue et d’espérance


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 17/01/2019 PAR Romain Béteille

Le chemin du dialogue

« Reprenons le chemin du dialogue ». C’est, en substance, l’une des formules que l’on a pu retenir des voeux de Bordeaux Métropole prononcés par Alain Juppé ce jeudi 17 janvier. Qu’importe, pour le maire de Bordeaux, la « petite musique » qui dit que Bordeaux est trop prospère et que cela explique le fait qu’elle soit devenue un bastion des gilets jaunes. J’entends souvent que la Gironde c’est pour les pauvres et Bordeaux pour les riches. En termes de revenu par habitant, la Gironde se place vingt-cinquième sur cent au niveau national. Dans Bordeaux intra-muros, le taux de pauvreté atteint 17%, un peu plus que la moyenne nationale. C’est la preuve que les choses sont un peu plus complexes qu’on ne le dit parfois. En termes démographiques, il n’est pas vrai non plus que la croissance de la métropole se fait au détriment des territoires qui l’entourent. En cinq ans, Bordeaux métropole a gagné 55 800 habitants, le département de la Gironde 100 000″, a souligné Alain Juppé (discours contrasté par l’effet repoussoir de l’augmentation des prix de l’immobilier ou les récentes données publiées par l’INSEE qui montre des disparités fortes en fonction des territoires en termes démographiques).

L’attractivité de la métropole est cependant toujours là, comme le prouve un récent baromètre sur les offres d’emploi fournissant des chiffres sur un rayonnement régional. La métropole « n’est pas une collectivité repliée sur elle-même, nous la voulons coopérative », a souligné Alain Juppé. « Nous avons développé toute une série de partenariats très riches avec Libourne, Marmande ou Angoulême. Par exemple, nous avons demandé aux promoteurs immobiliers de nous faire une proposition sur un terrain à Bordeaux Euratlantique et à Angoulême en bord de Charente en même temps pour faire profiter de l’attractivité de Bordeaux. On va continuer cette politique avec La Rochelle et d’autres territoires. C’est dans cet esprit que j’ai proposé aux présidents du Conseil départemental et de la Région de nous rencontrer pour créer des assises développement du territoire, ils m’ont donné un accord de principe ». Un accord de principe, là encore à contraster : pour l’un, des conditions ont l’air d’y être apposées et pour l’autre la proposition semble loin d’être nouvelle… Le chemin du dialogue, encore lui, a tout de même été défendu, et le discours d’Alain Juppé par rapport au mouvement des gilets jaunes ne diffère pas de celui prononcé ces dernières semaines. « Ne nous méprenons pas : il y a des hommes et des femmes dans notre pays qui ont de bonnes raisons de protester, qui vivent la précarité. De l’autre côté, il y a des casseurs, des voleurs et des pillards et ça, c’est innaceptable ».

Grandes orientations
Au titre des priorités évoquées pour 2019, on retrouve bien sûr de grandes orientations déjà très souvent évoquées. La mobilité est la première citée et reste « un souci majeur » pour le président de la métropole, qui a révélé son impatience de voir revenir dans les débats la future loi mobilité (attendu au parlement pour l’été) pour plusieurs raisons, dont un « grand contournement qu’il va bien falloir un jour commencer à étudier ». Le « combat face à la SNCF » sur les TER et son renforcement dans les gares de la métropole (pour lesquels les avis de la principale intéressée se sont montrés un brin frileux ces derniers jours) a eu droit à sa plaisanterie : « nous n’aurons pas trop de deux Alain pour affronter cette Bastille », a plaisanté Alain Juppé en évoquant l’ambition partagée avec le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, sur le sujet. La ligne D du tramway (qui arrivera au Bouscat fin 2019 et à Eysines en 2020), le lancement des concertations sur les dessertes de Gradignan et Talence, le projet BHNS de Saint-Aubin, la ligne A vers l’aéroport (auquel la commission d’enquête a rendu un avis favorable) et le BHNS allant du Haillan à Pessac ont aussi été évoquées parmi les priorités en matières de transports, qui devraient égrener les prochains conseils de métropole dans les mois à venir.

Le souhait de « retrouver cet esprit bordelais de modération et de dialogue » (qui passe notamment par les « cahiers de doléance et d’espérance » lancés à Bordeaux, la poursuite des débats autour de Bordeaux 2050 ou le tout récent lancement du budget participatif) passe aussi par les autres objectifs métropolitains, à savoir le logement et les opérations d’aménagement à venir (Saint-Jean Belcier, Garonne-Eiffel, Bastide Niel), brièvement évoqués ou encore l’emploi par le biais du renforcement des pôles d’activité comme Euratlantique ou Aéroparc (récemment visité par la ministre des Armées) et qui compte déjà 40 000 emplois et a l’ambition d’en accueillir 10 000 de plus, InnoCampus dont les plans d’ensemble, qui intègreront la dévolution du patrimoine à l’Université, sont en train d’être discutés ou encore la Cité Numérique dont l’ouverture est prévue avant la fin de l’été. Enfin, la culture a été soulignée comme l’un des « repères », avec des opérations qui ont déjà leurs dates dans le calendrier métropolitain : l’inauguration en mars du Muséum d’Histoire Naturelle, la rénovation qui se poursuit pour les salles du Musée d’Aquitaine (qui a récemment fait une surprenante (?) découverte), l’ouverture d’une bibliothèque dans le quartier de Caudéran, un ravalement de façade pour le Musée des Arts décoratifs et du design ou encore une saison culturelle estivale centrée autour du thème de la liberté.

Liberté et paix

La liberté, pour finir, n’a pas pu passer à côté des voeux de politique générale de la part du maire de Bordeaux, qui les a formulés à la fois pour la France et pour l’Europe. Ils ont été insistants et partagés entre l’inquiétude et l’espoir dans un relativisme habituel. »Je souhaite que la liberté soit confortée alors qu’elle est aujourd’hui menacée. La liberté politique d’abord : je constate, dans les discours et la réalité géopolitique, que les dictateurs reviennent à la mode et que la démocratie représentative apparaît comme un régime dépassé alors qu’elle reste le socle de la liberté. Il faut la régénérer par la démocratie participative. La liberté individuelle ensuite, face aux mensonges et au fléau que peuvent représenter parfois les réseaux sociaux », a ainsi souligné l’élu. « Il n’y a pas de fraternité sans justice sociale et sans égalité. Nous devons reprendre ce combat pour l’égalité des chances, pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour la lutte contre les discriminations et la pauvreté mais aussi pour la défense de notre modèle social. Enfin, je veux formuler des voeux de paix et rappeler qu’elle n’est pas un acquis. J’entends revenir le mot guerre dans les discours, les grandes puissances se réarmer et, parallèlement, le multilatéralisme s’enfoncer dans une crise profonde. La France et l’Europe ont une responsabilité particulière pour être des fauteurs de paix. Il faut porter ce multilatéralisme qui est un peu notre marque de fabrique ». Celle du maire de Bordeaux aura au moins été la constance.

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