Covid-19 et enseignement : trois questions à Sabine Brun-Rageul, directrice de Bordeaux Sciences Agro


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 23/04/2020 PAR Romain Béteille

@qui.fr – Vous êtes arrivée en janvier dernier à la tête de Bordeaux Sciences Agro. Comment se sont passées les dernières semaines ?

Sabine Brun-Rageul, directrice de Bordeaux Science Agro – On a tous été concentrés sur un seul objectif : faire en sorte que la scolarité de nos étudiants soit la moins perturbée possible et continuer d’assurer l’enseignement. On a eu peu de temps pour fermer le campus physiquement, quelques jours. Dès le lundi suivant, les équipes étaient à pied d’œuvre, les cours ont eu lieu, il n’y a eu aucune interruption de l’enseignement. Les enseignants ont mis beaucoup de ressources pédagogiques sur la plateforme d’apprentissage en ligne. On a pu organiser des classes virtuelles mais aussi des forums, des cours, ou des TD (Travaux Dirigés). Ça a concerné environ 350 élèves sur les 600 étudiants. Les autres étaient partis en stage ou en apprentissage dans les entreprises. Pour les stages, on a suivi les actions gouvernementales et fait en sorte que le maximum des étudiants soit en télétravail. Les troisième année étaient déjà en stage quand le confinement est arrivé. Nos équipes ont fait en sorte d’adapter les emplois du temps à la dématérialisation. Aujourd’hui, la quasi-totalité des équipes est encore en télétravail et va le rester jusqu’à la rentrée prochaine. Il y a très peu de personnel sur les sites et ils sont là pour assurer les tâches essentielles (entretien, maintenance informatique, sécurité). Même si on était fermés physiquement, on a une résidence de 340 logements étudiants et 90 étudiants qui sont restés sur le site pour des raisons personnelles. On est attentifs à leur santé, les équipes sont en lien constant avec eux et deux étudiants assurent un lien privilégié. Ils ont organisé une solidarité entre eux. On mobilisera des aides si besoin en soutien.

@qui.fr – Parmi les mesures adoptées dans ce contexte particulier, vous avez notamment mis à disposition votre plateforme de gestion de stages et d’emplois au renfort saisonnier suite aux besoins de main d’œuvre exprimés par les agriculteurs…

S.B-R – Ça s’est intégré dans une dynamique nationale d’appel à la main d’œuvre. Notre idée c’était, avec les directeurs des lycées agricoles, de montrer qu’on était solidaires des entreprises agricoles, agro-alimentaires et forestières. On a eu la volonté que nos étudiants majeurs (ingénieurs, BTSA) puissent aussi contribuer aux renforts dont ces entreprises ont besoin. Les organisations professionnelles ont relayé cette initiative dans leurs différents bulletins d’information. Nous avions déjà un career center mais on a créé une nouvelle catégorie, une réserve de solidarité agricole où les entreprises peuvent déposer des offres de stage ou d’emploi. Ces dernières sont identifiées de façon prioritaire. Globalement, la plateforme dispose d’une centaine d’offres disponibles et une dizaine spécifiquement taguées sur cette réserve agricole. Les travaux vont plutôt débuter à partir du début du mois de mai. Les offres ne sont pas uniques, il peut aussi y avoir des offres collectives qui demandent plusieurs personnes, notamment pour les travaux agricoles en vigne. On a encouragé nos élèves ingénieurs à s’engager dans ces missions de court terme, que ce soit par le biais d’un stage ou d’une mission salariée. 

@qui.fr – La crise du Covid-19 a-t-elle permis d’engager des initiatives particulières vis-à-vis de vos étudiants et du personnel de recherche de BSA ?

S.B-R – Oui. Pour les deuxième année, on a assoupli les critères pédagogiques du stage qui, en théorie, débute mi-mai, pour signifier à nos étudiants que ce n’allait pas forcément être un stage classique de deux ou trois mois, ça pourrait être un stage d’un mois et demi suivi de missions de travaux agricoles. On les incite à répondre aux besoins prioritaires. On a aussi allongé la période de stage en exploitation agricole de quatre à six semaines, elle démarrera un peu plus tôt, à la mi-juin. 

Une dizaine d’étudiants se sont déjà mobilisés pour aider à la distribution des produits locaux au niveau du drive fermier de la Chambre d’Agriculture de la Gironde qui ont multiplié leurs commandes. On n’a pas pu rouvrir le point de retrait installé chez nous parce que le campus reste fermé au public. En revanche, on a proposé à la Chambre de rouvrir un point de relais sur le site du domaine viticole Luchey-Halde, à Mérignac pour ne pas pénaliser les gens qui commandaient à Gradignan. On attend leur retour mais c’est en discussion.

Toute la communauté scientifique est sur le pont pour maintenir un effort de solidarité, en particulier les enseignants chercheurs qui travaillent sur les circuits de proximité. À la demande de la chambre, une équipe va travailler avec une vingtaine d’étudiants de la formation APTerIA (Agricultures, proximité et territoires d’ici et d’ailleurs) sur un projet de nouveau circuit court alimentaire. L’objectif est de rendre accessible ces circuits de proximité à des personnes qui sont à faible pouvoir d’achat tout en assurant une juste rémunération aux producteurs. Les échanges viennent de démarrer, une étude va être menée. Si ça fonctionne et que ça aboutit, ça aboutira dans quelques mois. On a participé aux recensement des équipements de laboratoires qui pouvaient être mises à disposition des plateformes de haut débit de dépistage local (PCR pour détections). Les chercheurs de l’école vont être mobilisés dans les mois qui viennent pour réfléchir aux nouveaux programmes de recherche sur la relance économique des entreprises post-Covid, en particulier sur tout ce qui concerne la souveraineté et les circuits courts alimentaires.

L’info en plus : actuellement, la directrice de Bordeaux Sciences Agro, même si elle est en télétravail, enchaîne les conférences pour faire en sorte de « coordonner les équipes et faire le lien entre les fonctions support et les équipes de la formation ». À l’ordre du jour notamment, le plan de reprise progressive de l’activité, l’organisation et la préparation qui en découlent. « Tout est à réadapter en fonction des informations que l’on reçoit quasiment au quotidien ». Pour ce qui est des concours, ils restent « uniquement écrits en classes préparatoires et ont été reportés à la semaine 27 (du 29 juin au 5 juillet) ». Pour les concours des étudiants en apprentissages, « les écrits avaient déjà eu lieu avant confinement, les oraux se déroulent en ce moment, on est en train de les faire passer. Il y a 125 candidats pour 30 places. Pour l’instant, ça se passe bien ». 

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