Rentrée syndicale et crise de l’élevage: la FRSEA Aquitaine s’assure le soutien d’Alain Rousset


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Publication PUBLIÉ LE 25/08/2015 PAR Solène MÉRIC

Si le retard horaire du Président de la Région n’a finalement pas trop vexé les organisateurs de la réunion, qui avaient déjà à leur côté Jean-Pierre Raynaud, son Vice-président en charge de l’agriculture et de l’agroalimentaire, c’est en toute franchise et sans pincettes, qu’Henri Biès-Péré a interrogé Alain Rousset pour savoir sans détour, « comment la Région compte accompagner l’agriculture ? »

Une intervention attendueUne question à resituer dans le contexte de la longue liste de dossiers régionaux et nationaux, source d’inquiétudes et/ou de mécontentement évoquée au cours de la matinée par les représentants du syndicat agricole. Parmi eux le feuilleton non encore terminé sur la délimitation des zones vulnérables sur le Bassin Adour-Garonne ; la finalisation de la rédaction du Schéma régional des structures qui doit notamment, dans le cadre d’une meilleure régulation foncière, définir le seuil de déclenchement des contrôles des exploitations ; la question toujours tendue de la création de ressources en eau, à l’issue d’un été marqué par la sécheresse et la chaleur sur le territoire régional ; l’incertitude sur la capacité de l’administration à verser des paiements PAC en temps et en heure (espérés au plus tard au 15 décembre)… le tout dans un contexte plus global de crise de l’élevage où se mêlent de manière aiguë et douloureuse les questions de charges, de normes et de prix pour les éleveurs, singulièrement au regard de la grande distribution, ou encore d’origine des viandes, par exemple dans le cadre de la restauration hors domicile dont les collectivités, parmi lesquelles le Conseil régional, sont souvent gestionnaires.

Autant dire que l’intervention du Président de la Région était pour le moins attendue par les professionnels, qui sur de nombreux points se sont vus confirmer son soutien, ce dernier réaffirmant à plusieurs reprises que « la Région est, comme elle l’a toujours était, au côté des agriculteurs ».

Restauration hors domicile : sécuriser l’approvisionnementSur la question de la crise de l’élevage, le Président Rousset, comme il l’avait fait dès le début de l’été, a tenu à souligner, que, malgré un contexte agricole de concurrence mondialisée, « le modèle aquitain, par le choix de développer une agriculture de qualité est moins touché par cette crise que d’autres ». Le législateur n’étant pas en position de pouvoir contrôler les prix dans une économie de concurrence, il faut selon lui, « maîtriser les circuits de distribution, notamment avec le mouvement coopératif. En Aquitaine (pourtant riche en grandes coopératives), sur les exploitations laitières par exemple, nous n’avons pas de grands opérateurs. Sur la collecte, nous avons des filiales, ce qui amène à s’interroger sur la valorisation des produits… »
Sur la question plus précise de la restauration hors domicile, il a tenu à rappeler aux agriculteurs présents que « le problème n’est pas forcément lié au prix des produits, mais qu’il s’agit avant tout de sécuriser l’approvisionnement des cantines tout au long de l’année. On parle là de milliers de repas tous les jours, on ne peut pas se contenter d’une fourniture en “one shot” auprès d’un exploitant. Il faut mettre en place des circuits d’exploitants sur tout le territoire régional ». Des circuits, concède-t-il suite à la remarque d’Henri Biès-Péré de « sortir de l’idéologie de l’agriculture citoyenne », qui incluent « les gros bataillons de l’industrie agroalimentaire régionale, qu’ils soient coopératifs ou non ». À cela, il ajoute un projet de formation auprès des gestionnaires de lycées notamment au regard des contraintes posées par les Codes des marchés publics.

Charges et normes : « la France en fait trop » Mais, au-delà de ce type d’actions, qui « ne pourra pas tout valoriser sur le plan local », il insiste sur la nécessité « d’une réforme agricole structurelle qui doit être menée en commun entre la profession et la région, passant notamment par une politique soutenue de modernisation des exploitations, une agriculture de qualité, et le développement de produits annexes comme la mise en place de méthaniseurs, et de compléments de revenus intéressants ». Une « vraie restructuration » qui pourrait par exemple passer pas le biais de la prochaine PAC vue autrement que la simple distribution d’aides, estime-t-il.

Mais les syndicalistes ont également trouvé un allié en la personne d’Alain Rousset, sur la question des charges et des normes. Renvoyant cette question au niveau européen, il reconnaît « volontiers », face à son audience, que « sur les charges et l’application des normes, la France en fait vraisemblablement trop » ; avant d’ajouter que « c’est à l’Europe d’harmoniser cela », sans pour autant ne jamais plaider pour une convergence par le bas.

Enfin, sur les questions des aides conjoncturelles aux exploitations les plus en difficulté, le Président a annoncé que « la région mettra à peu près les mêmes montants de crédits que l’État a accordés à l’Aquitaine », soit environ 2 millions d’euros.

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