La Gironde milite pour une « solidarité territoriale »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/09/2020 PAR Romain Béteille

Une main tendue, mais une main ferme. C’est à ça que ressemblait le discours de rentrée de Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, ce jeudi 3 septembre à Bordeaux, au moment de faire le point sur les sujets d’actualités et ceux qui occuperont la collectivité pour les mois à venir. « Nous ne sommes pas dans le post-covid, cette réalité s’impose toujours à nous », a répété l’élu. Au moment où la Gironde est en zone rouge et où les autorités de santé évoquent un virus qui « reste dangereux« , les centres de dépistages ne désemplissent pas et viennent saturer les laboratoires d’analyse mais « le laboratoire départemental d’analyse est mis à disposition depuis fin mai. Pour l’instant, nous n’avons pas été sollicité par l’ARS ni par le CHU », a rappelé le responsable. Face au regain de l’épidémie, la collectivité a dû prendre quelques mesures : la fermeture de plusieurs casernes de pompiers, du domaine de loisirs de Blasimon, d’une maison départementale à Bordeaux Lac ou encore, lors de cette rentrée qui s’est « globalement bien passée », de la fermeture du service de restauration dans un collège de Villenave d’Ornon. 

France Relance

Derrière le volet sanitaire figurent en bonne place l’économie et le social. Pour la première, Jean-Luc Gleyze a rappelé les ambitions, toujours intactes, du plan collège (640 millions d’euros pour la construction de 13 nouveaux collèges, la réfection de dix déjà existants et l’extension des capacités de plusieurs autres), tout en précisant « l’obligation de recourir à l’emprunt pour tenir les délais » même si « les entreprises font tout pour rattraper le temps perdu ». Hasard du calendrier, c’est aussi ce jeudi que Jean Castex a choisi pour présenter le plan « France Relance ». Un plan que le responsable départemental, avant son annonce détaillée, espérait ambitieux à l’égard des collectivités territoriales.

« Nous espérons que dans les 100 milliards d’euros, il y en aura un certain nombre qui seront consacrés aux investissements des collectivités parce que nous sommes fortement contributeurs de la relance économique et de la relance de l’emploi. Nous avons souffert à la fois en recettes et en dépenses puisque nous avons pris des mesures. On a des interrogations sur la fin de l’année budgétaire. Nous espérons que l’État sera là. Il nous a appelé au titre de la solidarité nationale, il faut maintenant qu’il soit présent au titre de la solidarité territoriale ». Bémol ou non, après le plan d’urgence pour les finances des collectivités territoriales, les regards du gouvernement semblent portés davantage sur l’économie, les entreprises et la transition écologique. Le 90ème congrès de l’Assemblée des Départements de France, début novembre, devrait à coup sûr y revenir…

Gironde en commun

En attendant, pour la collectivité girondine, l’investissement continue. Le plan collège est toujours prévu, le plan Gironde Haut Méga pour faire venir la fibre dans les territoires atteindra bientôt 100 000 prises raccordées (pour un objectif de 500 000 d’ici 2024). En tout, on arrive à un volet investissement total annuel établi à environ 230 millions d’euros. « Nous savons que nous allons dépasser le milliard promis en début de mandature. La manière dont la relance s’opère nous importe. J’ai récemment écrit au Président de la République pour lui demander de financer des projets portés par les collectivités territoriales qui sont le premier investisseur public. Nous avons un timing serré, des projets aboutis qui attendent des financements, notamment européens, et des besoins déjà identifiés ».

À l’échelon local, l’élu milite en tout cas pour une collaboration accrue entre la gauche régionale, métropolitaine et la gauche verdie qui compose désormais le paysage politique bordelais. À cette fin, en plus de rencontres en cours avec les chefs de files des différentes collectivités, Jean-Luc Gleyze met en ligne ce jour un « manifeste pour une Gironde en commun« . Dans ce texte, il précise être « persuadé qu’il ne faut pas attendre que toutes les solutions viennent d’en haut » et milite pour « une dynamique partenariale qui privilégie les complémentarités plutôt que la concurrence entre les territoires girondins ». Gironde en commun est ainsi présentée, à l’image de Solutions Solidaires, comme une « plateforme de valeurs partagées sur notre vision commune et ce que nous pouvons porter ensembles. Nous devons faire de cette période du COVID-19 une chance parce qu’elle nous a invité à mettre le doigt sur à quoi peut ressembler un effondrement de société ». 

Solidarité compensatoire

Une société dont, à l’en croire, on mesure déjà la hausse de la précarité avec une augmentation (« d’environ 6% même si ces chiffres restent à consolider ») des bénéficiaires du RSA depuis le déconfinement. Nous voyons aussi émerger de nouveaux profils : des petits autoentrepreneurs qui avaient lancé leur activité juste avant le confinement, des intérimaires, des saisonniers, des intermittents ou des salariés victimes de l’ubérisation du travail ». À chaque fois qu’il le peut (et cette fois aussi, donc), Jean-Luc Gleyze rappelle que le RSA « est une délégation accordée par l’État qui relève de la solidarité nationale. Or, les recettes perçues par les collectivités sont passées de 100 à environ 50%, ce qui traduit la réalité d’un transfert non compensé ».

Un pan spécifique du RSA dédié aux saisonniers a d’ailleurs été récemment reconduit par le département, qui permet aux bénéficiaires de cumuler leur allocation et les revenus saisonniers dans six départements (Gironde, Dordogne, Landes, Charentes et Lot-et-Garonne), jusqu’au 31 octobre 2020. L’action sociale passe aussi par d’autres rendez-vous dans les prochains mois : la sélection des projets qui occuperont le Domaine de Nodris, l’inauguration du premier village de fratries à Sablons le 17 septembre, qui bénéficiera à 54 enfants en besoin de protection, le panel citoyen qui tiendra sa plénière à l’automne ou encore le budget participatif destiné aux jeunes (11 à 30 ans) qui a déjà réuni 214 projets qui seront analysés dans un jury citoyen en novembre. 

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